D. Le catholicisme comme dernier recours

Qu’ils l’expriment ouvertement ou de manière cachée, les prêtres interrogés admettent ce stéréotype bien connu : « on n’a besoin de la religion que quand tout va mal ». C’est bel et bien une perception émotionnelle. Dans les situations de détresse, la conscience ordinaire se transforme en une conscience émotionnelle qui envahit, en quelque sorte le non pratiquant. La religiosité émotionnelle est une conduite irréfléchie même si elle n’est pas une conduite inconsciente. L’extrait suivant recueilli illustre bien cette perception émotionnelle : « Pendant sa maladie, j’ai essayée de prier… Le fond de ma pensée, personne ne le sait… Moi, je ne suis pas pratiquante, je fais bien ma prière, mais je sais éperdument que cela ne sert à rien. Si je la fais, je la fais toute seule. Je ne suis pas croyante, mais il y a quelque chose qui me faisait prier, bien que cela ne sert à rien. Je ne suis pas pourtant complètement athée ».

Les analyses conduites sur les paroisses de l’agglomération de Saint Etienne nous permettent de saisir une caractéristique de la religion des non pratiquants : la sanctuarisation. Cela désigne la mise à l’écart de la sphère religieuse, comprise comme un domaine vulnérable auquel « on ne veut pas trop toucher ». Face à cette sanctuarisation, l’institution continue à répondre à cette demande en tentant tout de même, peut –être à tort, de signaler que le baptême n’est pas un acte magique assurant la protection ou que le mariage n’est pas une assurance pour la vie. Toutefois, elle leur accorde des vertus d’intégration communautaire au point d’en faire de véritables structures, de véritables modalités.