Définition du rite religieux

Il est conjointement un signe et une standardisation répétitive, donc une quasi langage. C’est ainsi qu’il est conçu en sémiologie 110 . Nous en donnons la définition suivante : le rite, en tant qu’élément central de toute religion, se présente comme un comportement communicationnel particulier, qui, à l’intérieur d’un cadre donné, vise à une efficacité d’ordre symbolique et performative. C’est bien cela qu’en entendent les demandeurs. Une puissance symbolique, de filiation, communautaire ou d’immortalité et une efficacité. Cernons cette définition dans la mesure où elle éclaire l’adaptation de l’Eglise catholique à la recomposition des territoires :

  • le rite se donne à lire comme un comportement communicationnel : il combine des séquences de paroles et de gestes. Il est en ce sen un langage global, analogique et digital. Il recourt ainsi à des séquences soigneusement agencées et articulées entre elles. Le rite à cette particularité de pouvoir s’adresser à la personne prise dans sa globalité.
  • Il s’exprime dans un cadre donné, à savoir une cérémonie. Comme toute autre action, il nécessite au préalable une définition de la situation structurant les évènements. Il déborde la notion géographique du lieu. Y sont associés les habits, la posture, l’ambiance…. Tous ces éléments organisent un cadre, qui permet aux participants à la cérémonie de percevoir, comme le soulignait une personne questionnée : « Ce qui s’y joue ! ». Le rite est une activité théâtrale. La liturgie, mise en œuvre dans les rituels, constitue une mise en scène, une dramaturgie. C’est précisément ce que les demandeurs d’actes rituels attendent de l’Eglise. Cette demande n’a pas fondamentalement changée au cours des siècles, si ce n’est qu’aujourd’hui, ils s’affranchissent d’un certain nombre de devoirs à remplir. A ce titre, l’institution ne s’est pas trompée en « suggérant » plus qu’imposant toute activités revêtant auparavant un caractère obligatoire. Cette volonté est rappelée à de maintes reprises dans les différent documents : Dossier de Travail, publié par le diocèse et distribués aux prêtres et aux équipes d’animations de chaque paroisse nouvelle afin de les accompagner pour répondre aux demandes sacramentelles ou pas auxquelles ils devront répondre.
  • La dramaturgie rituelle est au service d’une efficacité symbolique et performative. Les gestes rituels sont supposés avoir une efficacité toute spéciale, différente de leur efficacité mécanique. La cérémonie rituelle se joue sur un certain mode, un ensemble de convictions par lequel une activité donnée, déjà pourvue d’un sens par l’application d’un cadre primaire, se transforme en une autre activité qui prend la première pour modèle mais que les participants considèrent comme sensiblement différente. La cérémonie, le rite, ou le temps fort, quelque que soit l’appellation qui lui est donnée, condense cela pour les sondés : il est unique et incorpore en même temps, par sa répétition, dans une certaine filiation. Une des propriétés essentielles du rite est son caractère répétitif, il peut être rejoué plusieurs fois avec la même efficacité symbolique. Fort de ce constat, il faut à présent chercher en quoi le rite doit-il avoir une efficacité ?

Notes
110.

Nous renvoyons le lecteurs aux nombreux ouvrages traitant ce thème et notamment : ISAMBERT F-A « Le sens du sacré :fête et religion populaire » Paris Minuit, Coll Le sens commun, 1982 & « Rite et efficacité symbolique » Paris, Cerf, 1979