Le rite comme recherche d’équilibre

Le rite est une demande fortement « conventionnalisée », ajustée précisément à l’intensité du danger. Ainsi, une personne nous a dit : « C’est dommage que le baptême est lieu pendant la messe parce qu’il ne nous concerne pas directement et on risque de perturber ceux qui y viennent parce que c’est vraiment un besoin pour eux. Mais nous ce que l’on veut, c’est le baptême de nos enfants et un point c’est tout ». Cruel dilemme entre un demande individualisée et un rite se devant d’être réalisé en présence de la communauté. C’est d’ailleurs un des tours de force de l’Eglise de faire accepter cela, de faire passer cette présence communautaire, théologiquement obligatoire, en une communion. D’ailleurs, la demande de baptême est en partie motivée par le besoin d’équilibre. Le rite religieux apparaît alors comme un échange pour réparer un équilibre menacé.

Par le rite, il s’agit également de se mettre en ordre avec l’Eglise, admise comme la médiatrice de le « force qui est au-dessus de nous » et qui contribue au maintien de l’équilibre. On comprend mieux dès lors les demandes sociales, visites et participations aux fêtes profanes que les distancés adressent à l’Eglise. Elles relèvent de la ritualité. La fonction du rituel de la visite est précisément de rétablir une relation où il y a un déséquilibre occasionné par une absence de liens réguliers. Cette interprétation est confirmée parce que le distancé ne sait pas très bien, au fond, pourquoi il sollicite et souhaite la visite. Lorsque le visiteur mandaté par l’Eglise, qu’il soit prêtre, curé, laïc ou diacre – les deux derniers étant moyennement bien reçus- s’enquiert des raisons qui motivent une rencontre, la personne visitée se trouve dans l’embarras : « Moi… Non, je n’avais aucune raison particulière de vous voir, mais quand même ». Toute demande de visite ou de participation à tel ou tel évènements sont autant de rituels d’entretiens, c’est l’occasion de se redire des relations de bon voisinage en quelque sorte. Une fois de plus, individualisation et communautarisme font bon ménage dans les attentes exprimées et face à cela, l’Eglise se trouve bien dans une situation de prestataire de services, se devant de répondre individuellement à une attente alors que sa visée est collective.