CHAPITRE 8. « Géographie et sociabilité pèlerines à Saint Etienne » : une territorialisation en réseaux temporaire

Pour clore ce tour d’horizon des « grandes figures » des pratiquants, nous avons souhaité nous intéresser aux pratiques pèlerines. C’est une des formes de religiosité des plus anciennes qui soit. Par bien des égards, elle illustre cette dualité mais complémentarité entre pratique territorialisée et pratique en réseau. L’étude de la géographie et de la sociabilité pèlerines nécessite une analyse des lieux et une approche comportementale. Notre travail s’appuiera sur celui conduit par Jean René BERTRAND et Colette MULLER 112 . Cette thématique introduira l’idée selon laquelle le religieux contemporain, est un être en mouvement et qu’il offre des similitudes comportementales avec le pèlerin.

Chaque pèlerinage apparaît comme un territoire propre et ces lieux sont connectés aux diocèses, aux paroisses et aux individus. On peut aisément utiliser les vocables de polarité, de centralité, de nœuds, en un mot le vocabulaire d’ordinaire employé pour parler des réseaux. Ce thème des pèlerinages nous semble au cœur du sujet traité dans cette thèse dans la mesure où il interroge conjointement les modalités territoriales proposées par l’institution et celles produites par les mouvements, communautés et individus.

En effet, des interrogations émergent naturellement : les pratiques pèlerines illustrent-elles des substituts aux modalités territoriales observées ? Des formes complémentaires aux recompositions ? Ces questions renvoyant aux regards portés par les pèlerins sur leurs pratiques et à l’analyse de celles-ci par rapport aux modalités de territorialisation de la sociabilité religieuse. D’autres s’articulent autour de l’institution diocésaine : dans quelles mesures gère-t-elle ou ne gère-elle pas ces pratiques pèlerines? En fait-elle des outils majeurs dans le processus de recomposition territoriale ? Cette étude prolonge notre analyse sur l’apparition de modalités territoriales présentes et s’inscrivent dans le processus global de recomposition.

Ces lieux sont des points de rencontre des croyants. L’étude des formes de vie sociale qui se construisent autour de la fréquentation des sanctuaires reste à faire. Par le nombre de croyants – et curieux qu’ils déplacent, les pèlerinages sont des lieux et des temps de l’expression du sentiment religieux. Il serait inutile d’en faire l’inventaire global. Cependant un rappel chiffré 113 peut éclairer l’analyse, mettant en avant leur importances : Basilique du Sacré Cœur, 6millions de visiteurs par an, Lourdes, 5,5 millions, 1500000 à Lisieux ou encore 1200000 à Notre Dame de Fourvière. C’est une forme de religiosité qui mérite attention et dont l’étude stéphanoise permet d’en cerner les grandes lignes.

Notes
112.

« Géographie des pèlerinages », 1999 in Religions et Territoire, p 39 à 63 op cité.

113.

Chiffres provenant de : « Eglise catholique en France », 1997, Conférence des évêques de France, Paris, cerf