I. Une forme comportementale originale, une territorialisation temporaire et « extra-ordinaire » :

Le pèlerinage est avant tout une expérience individuelle. Comme le soulignait Danièle HERVIEU LEGER 114 , « même si le pèlerinage est collectif, la démarche peut être celle d’un individu isolé » alors que « si l’observance est solitaire, elle demeure communautaire ». Les pratiques du pèlerin sont individuelles, mobiles et extraordinaires. A cela, on peut lui opposer celles du pratiquant classique qui sont collectives, fixes et ordinaires. Il y aurait donc deux religiosités différentes, deux régimes distincts – parmi d’autres- de l’espace et du temps.

Le pèlerinage relève d’un choix individuel. En cela, il est une sortie de la communauté habituelle, de l’organisation générale de la religiosité. Par conséquent, sa structuration spatiale l’est tout autant Là encore, on peut construire cette différence : la religiosité pratiquante est la fixité du rituel, les significations majeures de l’institution et est marquée par la fidélité de l’observance. Ses territoires sont ceux produits et réaménagés par l’institution. La religiosité pèlerine est modulable, relève d’investissements subjectifs et de pratiques différenciées. Les modalités territoriales sont produites, elles, par les populations concernées, que cela soit par chaque individu, par une communauté particulière ou par un mouvement. Le pèlerinage est donc un temps « extra-ordinaire » dans des espaces, eux aussi, « extra-ordinaires ».

Dans l’église catholique, cette religiosité ne présente généralement aucun caractère d’obligation ( même si elle encouragée) et se démarque de toutes les formes d’observance. C’est donc, bel et bien une démarche particulière, en sus des autres manifestations d’affiliation ou d’appartenance. C’est donc une territorialisation en complément des formes classiques.

Notes
114.

Notes de son intervention de sur les nouvelles pratiques pèlerines, Paris, 23 septembre 1997