II. Le religieux en mouvement ou le pèlerin du XXI e siècle

La figure du pèlerin comme archétype de la religiosité moderne renvoie de manière métaphorique à la fluidité des parcours individuels qui peuvent être autant de trajectoires d’identification religieuse. Parallèlement, elle correspond à une forme de sociabilité religieuse dont il a été possible de juger, à Saint Etienne, de son expansion, s’établissant sous le double signe de la mobilité et de l’association temporaire. L’individu produit lui-même les significations de sa propre existence, en fonction de ses propres ressources et de ses dispositions. Chaque expérience est réinterprétée et agglomérée pour produire un parcours, ayant un sens. Etre pèlerin signifie avoir la capacité de construire et de se construire son propre parcours. L’identité religieuse se forme lorsque cette construction – forcément subjective- se croise avec une lignée croyante – objective celle-ci-, généralement incarnée par une communauté dans laquelle l’individu se reconnaît. Toutefois, cette perspective n’implique pas nécessairement l’adhésion complète à une doctrine religieuse, ni à l’incorporation pleine et entière à une communauté. La figure pèlerine s’inscrit plus dans des opérations de bricolage qui permettent à l’individu d’ajuster ses croyances à sa propre existence.

Cette forme de religiosité se caractérise essentiellement par la fluidité des contenus de croyance qu’elle élabore et en contre point, rend incertaines les appartenances communautaires susceptibles d’être réalisé. Ce qui explique conjointement la difficulté qu’éprouve l’institution pour apporter des réponses territorialisées à ce phénomène et la pléthore de modalités qu’elle tente vaille que vaille de mettre en place afin d’en saisir toutes les dimensions. Au cœur même de ce phénomène, se développe la reconnaissance de structures extra diocésaines dénigrées jusqu’ici, mais subitement investi d’un pouvoir canalisateur en vue d’une intégration communautaire locale.