CHAPITRE 4. « Une communion de communautés » placée sous le règne de l’individualisme religieux

En religion comme dans toute autre domaine de la vie d’une personne, l’individu occupe bel et bien une position centrale. Le paysage religieux de la modernité est caractérisé par un mouvement irrésistible d’individualisation. Est-ce à dire que pour autant, cet individualisme religieux est un phénomène neuf, s’imposant grâce ou à cause de la modernité ? Il serait plus juste de parler d’individualisation du religieux au moment où intervient la différenciation entre une religion rituelle, qui requiert des fidèles l’unique observation rigoureuse et minutieuse des pratiques prescrites et une religion de l’intériorité qui implique, elle, sur un mode mystique ou éthique, une appropriation personnelle des vérités religieuses par chaque individu. Sans s’étendre plus longuement sur le sujet, cette distinction s’est toujours manifestée dans toutes les confessions chrétiennes et ce quelque soit l’époque.

Cependant, la question se pose pour la situation actuelle, dont certains traits, à travers l’exemple de Saint Etienne, ont été définis : quel lien cet individualisme religieux, mystique ou éthique, entretient-il avec la modernité ? Certaines passerelles ont été évoquées tout au long de cette thèse. Elles ne seront pas reprises ici. Mais en guise de réponse, on peut dire que l’individualisme religieux ne fait pas plus la modernité que cette dernière n’invente l’individualisme religieux. Ce qui semble caractérisé la scène religieuse contemporaine n’est pas l’individualisme religieux pris comme tel. C’est l’absorption de ce dernier dans l’individualisme moderne.