B. L’exculturation : une autre lecture de la « décatholisation » :

La laïcisation (émancipation des institutions politiques et civiles de la tutelle des institutions religieuses) et la sécularisation (autonomie des sphères de l’activité humaine non seulement par rapport aux normes prescrites par les institutions religieuses mais par rapport à toute référence à une « grande transcendance 132  » supposée gouverner la vie des hommes), sont les deux causes principales de la dé-catholisation de la société.

L’analyse se porte donc sur les formes nouvelles prises par la croyance, dans un monde travaillé par l’incertitude. Cela nécessitait de démonter les bricolages du sens mis en œuvre par les individus et à identifier les formes émergentes de la sociabilité religieuse et de les mettre en rapport avec la vie des institutions classiques comme la paroisse ou les mouvements. Ce fut un des objectifs de cette thèse. « Nous sommes tous catholiques » affirmait JP SARTRE dans l’Etre et le Néant , comme un raccourci pour souligner l’imprégnation culturelle du catholicisme – et des religions chrétiennes- dans un pays qui ne se réfèrent plus que marginalement aux croyances, normes et valeurs portées par l’Eglise. L’exculturation devient alors une dé liaison de l’affinité élective que l’histoire a établie en profondeur entre les représentations partagées des Français ( la culture) et la culture catholique). La « dé catholisation » de son côté, renvoie à la baisse des observances.

Une des valeurs correspondant le plus à cette individualisation est l’idée d’un droit de chacun à se réaliser personnellement dans les différentes dimensions de sa vie. La recherche de « l’épanouissement » est considérée de plus en plus comme la finalité de l’engagement de chacun dans le travail, la famille, les relations amicales, les loisirs….

La vie religieuse que l’on recherche est celle qui « fait du bien », qui apporte un plus à la réalisation des potentialités personnelles de chacun, assurant la paix intérieure, la réconciliation avec soi-même, le calme et l’équilibre.

Notes
132.

LUCKMANN T, 1967, « The invisible Religion. The Problem of Religion in Modern Society » New York, McMillan