III.… Inscrite dans une double « désinstitutionalisation » du religieux

L’érosion des observances, le développement d’une religion « à la carte », la prolifération et la multiplication des croyances bricolées, la diversification des trajectoires religieuses et le développement d’une religiosité pèlerine. Tels sont les indicateurs d’une tendance généralisée à l’érosion du croire institutionnellement validé. La crise de régulation que connaît l’Eglise catholique engage la relation des individus croyants à une institution à laquelle est aujourd’hui fortement contesté l’autorité exclusive de dire et de structurer ce qu’il faut croire et donc de l’exclusivité de dire ce qu’est l’identité communautaire. Elle ne marque pas seulement une perte d’emprise sur la société. Toutefois, les institutions religieuses, et en premier lieu, l’Eglise catholique, survivent. Elles montrent même, comme l’étude du diocèse de Saint Etienne l’a prouvé, une forte réactivité. Elles rassemblent encore un certain nombre de fidèles et ne ménagent pas leurs efforts pour se faire entendre dans la société locale et globale. L’Eglise s’emploie tant bien que mal, à travers toute une structuration fonctionnelle et d’encadrement, de gérer la dissociation croissante entre deux impératifs contradictoires : Alimenter un consensus théologique et éthique minimum, afin d’absorber et d’encadrer, en la ménageant, la diversité des trajectoires de plus en plus individualisées de l’identification croissante. Puis, conjointement, maintenir un modèle suffisamment fort d’une vérité partagée pour éviter d’être débordée par des dispositifs communautaires concurrents, disposés à offrir à des fidèles – appellation à nuancer- perturbés, en perte de repères, la sécurité d’un code de vérité, « clefs en mains ».