A. Articuler et mettre en relation le territoire et la communauté

Quelle peut être la signification du territoire pour les communautés qui s’y trouvent ? Dans quel rapport mutuel s’inscrivent-ils ? Ces premières interrogations énoncées en introduction, masquaient une réalité qui elle aussi s’est révèlée traduisible en questionnement : dans quel espace – territoire- la paroisse s’inscrit-elle ? Son évolution se fait-elle uniquement dans un espace religieux ou prend-elle en compte l’espace social dont elle n’est qu’une composante ? Une des réponses fut apportée lorsque à Saint Etienne est apparu l’idée de « communauté de destins » dans la conception des paroisses nouvelles. Dans le milieu urbain, devenu périurbain, tant il est difficile aujourd’hui de séparer le rural de l’urbain, la paroisse s’étend dans un espace qui comprend plusieurs localités, plusieurs quartiers, plusieurs milieux. Non seulement les populations n’ont plus de comportements uniformes mais chaque individu possède un éventail important et aléatoire de comportements.

Le caractère de minorité dispersée qu’était celui de la paroisse s’est accentué devenant même, « minorités de dispersés ». Le territoire, jusqu’ici véritable indicateur social est devenu le plus petit dénominateur commun des membres de l’Eglise. Il indique désormais le lieu géographique où ils vivent plus qu’il ne caractérise un milieu de vie, un espace social uniforme. Le territoire est devenu un simple emplacement pour la communauté chrétienne. Il est légitime de considérer la paroisse comme l’ensemble des personnes qui dans un espace donné, ont une même appartenance confessionnelle dont il faut conserver la spécificité. Le territoire paroissial est tel que les relations de proximité y sont plus rares et difficiles à établir.

Cependant, il correspond à des aspects de la vie sociale qui, pour une population donnée, ont modifié l’échelle des relations courtes et longues. Le logement, le centre commercial, l’école, la mairie, le lieu de travail, celui des loisirs ne sont plus proches les uns des autres. La paroisse est amenée à réinventer les modalités de l’ensemble des relations qu’elle veut développer, à l’intérieur comme avec l’extérieur. Le territoire n’est donc pas un élément anodin pour la paroisse. Paradoxalement, vu de l’extérieur comme un cadre, il est conceptualisé par l’institution qui l’élève au rang d’objet à part entière. Il n’est pas, exclusivement, élément de localisation. Le lieu où l’on vit, ou chaque chrétien vit, est bien davantage qu’un emplacement. Il indique le contexte sans lequel on peut se situer, ni transmettre quoi que cela soit, ni se connaître soi-même. Pour une paroisse, au sens communauté, la conscience de faire partie d’un territoire et la connaissance qu’elle en a, aiguisent la compréhension de sa propre raison d’être. Quand la paroisse, ici, institution religieuse, ne cherche à évoluer et à dialoguer que dans son propre espace religieux, elle s’étiole, se marginalise et tend à disparaître. Le territoire est une dimension significative et vitale, c’est à la fois l’espace social et l’espace de communication où elle peut s’affirmer et se renouveler.