C. Le régulier et l’occasionnel : les deux comportements de la paroisse nouvelle

La paroisse est habituée à une existence en grande partie rythmée par l’année scolaire et disciplinée par des cadences hebdomadaires, pour ne pas dire dominicales. Cela, surtout l’observance de l’office du dimanche, convenait à une population sédentaire. Mais la situation actuelle et les mentalités ne s’accommodent plus aussi facilement d’un tel rythme et surtout d’une telle régularité. Dans leur organisation, comme dans leur fonctionnement, les paroisses sont confrontées à deux phénomènes majeurs, qui traduisent les nouveaux comportements sociaux et touchent la majeure partie des membres de leur communauté :

Ainsi de nombreux témoignages qui nous avons recueillis mettent en avant ce désir de liberté de choix, à la fois dans la fréquence des participations à la vie de l’Eglise, dans le choix de la modalité de l’expression de sa foi et dans celui de l’association temporaire avec telle ou telle communauté. Ce n’est plus l’Eglise qui impose un cycle et un rythme mais ce sont bel et bien les populations –les plus mobiles- qui imposent à celle-ci de nouveaux rythmes. La pérennité de la chapelle de la Chabure, entre Saint Etienne et Saint Chamond ne tient que par le désir des citadins, venus en week-end, qu’y soit maintenu la célébration mensuelle de la messe. Autre exemple, celui de l’église Saint Louis qui demeure une église très fréquentée, non pas par la population de sa paroisse de rattachement, , mais par sa situation au cœur d’un espace stéphanois catalogué, comme « zone de passage », de chalandise, en tout cas de forte fréquentation d’une population provenant de toute l’agglomération stéphanoise.

Alors, il apparaît évident que les activités proposées par les paroisses sont tributaires d’un tel partage des temps de la vie sociale. Les services dominicaux, sont pris dans cette nouvelle perception des moments de la semaine. Ces changements sont clairement des facteurs explicatifs de la baisse de la pratique régulière, essentiellement dominicale.

L’Eglise n’est plus l’institution dont les cloches, les fêtes et les rites marquent et scandent l’existence à la fois privée mais surtout publique. C’est un des aspects les plus sensibles de la moindre visibilité de l’Eglise, de sa perte d’influence, y compris sur les rythmes de la vie sociale. L’expression « aller à l’Eglise » n’a plus le sens qu’on lui donnait récemment. Aujourd’hui, elle désigne mieux un déplacement qu’une obédience. La participation à la vie ecclésiale relève moins de l’appartenance à une institution que de choix éminemment personnels, ponctuels, d’occasions à saisir par intérêt. La paroisse tend véritablement à devenir une association plutôt qu’une famille. Son statut juridique devient aussi sa réalité. Les institutions ecclésiales ont perdue leur emprise sur la vie du corps social Elles, ne l’ont que très sporadiquement conservée sur leurs membres les moins mobiles. L’argument d’autorité ou d’appartenance ne suffit plus pour que l’on fréquente l’Eglise. Il importe désormais que ce qu’elles offrent soit intéressant et atteigne chez leurs destinataires des motivations assez personnelles et profondes afin de provoquer et susciter l’engagement. L’attractivité prime sur l’accueil pour la paroisse.

L’attention à ces trois facteurs conduit à diversifier les rythmes, les lieux et les moments de la vie ecclésiale. L’occasionnel doit désormais trouver une place et être reconnu à côté de ce qui est habituel et régulier. La diversité s’illustre à travers l’appartenance à tel ou tel groupe (association caritative, groupe liturgique), telle ou telle activité (catéchèse) ou la participation à quelque rencontres festives ou aux grandes célébrations de l’année liturgique – où se superpose l’année civile.

Le régulier et l’occasionnel ne s’opposent pas. Ils expriment les deux formes des comportements religieux actuels. Certes, la paroisse c’est le régulier par excellence, mais la paroisse nouvelle accepte cette nouvelle dimension. Dans l’Eglise comme ailleurs, la valeur des rencontres dépend moins de leur nombre que du sens et de l’intensité de ce que l’on y vit.