D. Clercs et laïcs : le partage des ministères

L’Eglise semble avoir, poussée par la baisse de nombre des prêtres, approfondi et renouvelé les interrogations autour de la question des ministères. Les conditions actuelles de pratiques, de dissémination, de dispersion mettent en cause les habitudes que la théologie avait justifiée. Lorsque le christianisme et dans le cas qui nous intéresse, le catholicisme, devient minoritaire ou dispersé, le débat de la diversification des ministères est réactivé, comme ceux de la définition des compétences et du partage dans la prédication, dans l’administration des sacrements ou encore du point de vue symbolique et unitaire. A cela s’ajoute également deux interrogations, enchevêtrées, dont la portée ecclésiologique et pratique n’est pas négligeable : l’exercice personnel et collégial des ministères et celle de la part qu’y prennent les clercs (professionnels) et les laïcs (bénévoles). La viabilité des communautés fut l’enjeu de la recomposition engagée à Saint Etienne. L’existence de chaque paroisse est fondée sur la présence d’un prêtre en ayant la charge. L’adéquation précaire du nombre de prêtres (283) à celui des paroisses en 1996 (244 dont 175 « incardinés » au diocèse) fut une des raisons majeures de la recomposition paroissiale. Six ans plus tard et malgré une recomposition qui inversait la tendance avec un nombre de prêtres (227) bien supérieur à celui des paroisses (29), les problèmes n’étaient pas totalement réglés : plus des deux tiers des prêtres avaient plus de 65 ans. Ce constat rend difficile le maintien d’une pastorale dynamique et missionnaire et les prévisions à l’horizon 2020 où l’équilibre entre nombre de prêtres et paroisses nouvelles sera parfait ne font qu’illustrer cette baisse irrémédiable du nombre d’ordination et par conséquent, l’incapacité de maintenir un nombre élevé de paroisses. D’autres faits émergent, comme autant de champs investis par l’institution :

Ces quelques conclusions ont un écho dans les objectifs de la recomposition du diocèse de Saint Etienne 133 et ont un impact territorial direct, car la formation exige aussi des lieux créant une nouvelle centralité qu’il s’agit à la fois de situer, dans le diocèse : le centre diocésain de formation établi dans la paroisse de notre Dame de la Joie et dans chaque paroisse : relais ou maisons paroissiales. 

Regroupées sous la FARE (formation des adultes en responsabilité ecclésiale), les modalités de formation sont apparu très structurées. L’outil complémentaire est la Bibliothèque Andreï Roublev. L’attention est surtout portée sur la pastorale sacramentelle et liturgique et la « formation pour tous ». Si la première insiste sur ce qui légitime et inscrit le croyant dans l’Eglise, la seconde elle, est plus proche des communautés dans la mesure où il s’agit de rencontres plus ou moins fréquentes entre les membres des équipes paroissiales et de mouvements. Le nouveau découpage territorial a conduit à la création de véritables « micro-centres de formation » appelés FLORE (formation locale pour une responsabilité ecclésiale). Ils regroupent les équipes relais de différentes paroisses nouvelles et contrairement à la totalité des formations proposées au centre diocésain, celles de ces relais FLORE sont « à la carte », suivant les attentes et les caractéristiques propres à chaque équipe relais demandeuse.

Les deux modalités d’organisation, territoriale et en réseau sont très clairement identifiables dans le cas stéphanois. Pensée à l’échelle du diocèse tout entier, la formation est imposée par les instances locales. Elle crée un territoire qui se trouve être calqué sur celui des paroisses nouvelles : Un centre unique et des relais. Dans chacune d’entre elle, l’équipe paroissiale envoie en formation l’animateur ou l’animatrice concernée. Suite à celle ci, les modalités pour un meilleur exercice décidées sont appliquées à chacune des paroisses, sans prise en compte des réalités locales. Le découpage en paroisses nouvelles, a produit lui une formation en réseau, avec ses polarités, les relais FLORE et ses nouvelles structures spatiales nées d’un regroupement temporaire mais existant des paroisses concernées.

La territorialisation du service de la formation à Saint Etienne, illustre cette réalité d’une Eglise « classique », territorialisée et une autre, complémentaire, structurée en réseaux.

Notes
133.

se reporter aux chapitres 3 et 4 des ORIENTATIONS DIOCESAINES intitulés : MINISTERES et FORMATION mais aussi au fascicule « Equipe et conseils dans la paroisse nouvelle » Sept 98