2.3.3. Les stratégies d’auto-handicap

« Les stratégies d’auto-handicap consistent à placer ou à revendiquer des obstacles qui contrecarrent la réalisation d’un accomplissement personnel, de façon à se fournir à soi-même (ou à autrui) des attributions externes quand un résultat positif apparaît incertain. » Thill, 1989, p. 227.

La manque de préparation ou d’efforts constitue un moyen de répondre à cet objectif. Selon Berglas et Jones, ces attributions externes constituent une auto-protection du soi d’une perte d’estime (Thill, 1989 : 227). Elles ont pour but de protéger le SEP, mais sont à double tranchant puisqu’elles représentent une barrière à son développement (Thill, 1989 : 228). Selon E. E. Thill, il existe des solutions pour éviter que les sujets ne s’engagent dans des manœuvres défensives en réduisant leurs efforts.

On peut par exemple stimuler leur perception de compétence à travers le « feed-back informationnel » et en reconnaissant toutes les formes de compétences que les individus peuvent manifester : techniques, cognitives, émotionnelles ou sociales (Thill, 1989 : 231), auxquelles nous pouvons ajouter les compétences métacognitives et motivationnelles. On peut aussi éliminer les attributions dysfonctionnelles à des facteurs internes et stables tels que le manque de compétence, et aider les individus à expliquer leurs échecs par des facteurs instables et internes.

On peut en outre induire ou raffermir leur sens de contrôle personnel ; on peut augmenter leur perception d’autodétermination en les considérant comme responsables de leurs propres actions, et augmenter leurs perceptions de contingence en les aidant à se fixer des buts à court terme, autoréférés (construits par le sujet lui-même, sur les bases de ses standards personnels), spécifiques et stimulants (assez faciles pour pouvoir être atteints et assez difficiles pour représenter un défi) (Thill, 1989 : 231-232).

Enfin, on peut accepter l’usage de stratégies d’auto-handicap dans la mesure où elles sont différentes de la réduction d’efforts. On pourra par exemple accepter les attributions d’échecs à des causes externes instables et incontrôlables, comme « Sans cette mauvaise grippe, j’aurais réussi. ». Ces stratégies ont en effet la faculté d’augmenter les performances en réduisant l’anxiété liée à l’évaluation (Thill, 1989 : 232).