A. Le langage humain

Nous aborderons dans ce mémoire le langage en tant que faculté de pensée et d’expression propre à l’espèce humaine. Dès lors, nous écarterons de notre champ de recherche tout ce qui a trait aux langages artificiels ou formalisés, découlant des mathématiques et de l’informatique. Nous écarterons aussi de notre champ d’étude les signaux de communication ou "langages" rencontrés dans d’autres espèces animales que l’espèce humaine, principalement du fait du caractère très limité de cette communication au regard du langage humain. Nous savons aujourd’hui que les abeilles, par exemple, ont un système de communication, puisqu’elles sont capables de transmettre à leurs congénères des informations très précises sur la situation géographique des fleurs. Cependant, si une espèce animale possède un "langage", elle est incapable d’en apprendre un autre, comme elle est incapable d’innover à l’intérieur de son propre langage. Nous considérerons donc le langage comme une faculté spécifique à l’espèce humaine, et nous passerons en revue ses fondements biologiques, théoriques, ainsi que certaines de ses pathologies.

L'utilisation effective du langage requiert l'interaction de la mémoire avec les entrées sensorielles et les systèmes de sorties (d’exécution) motrices. Les principaux types de mémoire requis pour le langage sont phonologique (pour les sons des mots), orthographique (pour l'orthographe des mots), lexicale (pour la reconnaissance d’un mot) et sémantique (pour les connaissances sur le sens des mots). Les entrées sensorielles activant ces mémoires peuvent être des traitements auditifs (pour les mots entendus, les sons environnementaux et la musique), des traitements visuels (pour les mots lus, les objets, les visages et les gestes) ou des traitements tactiles (pour le Braille). Les sorties motrices permettent l'expression de concepts via l'articulation, l'écriture, la gestuelle ou encore le dessin ; ils peuvent être générés spontanément (en réponse à une pensée interne) ou guidés par un stimulus (en réponse à des mots lus ou entendus, ou à tout autre type de stimulation).

Ces différentes caractéristiques sont spécifiques au langage, mais il n’en est pas moins vrai que ces capacités fonctionnelles de "langage" correspondent à de nombreuses entités distinctes en tant que système de communication symbolique au sein d’une communauté humaine, les langues, dont l’étude découle du domaine de la linguistique.