B.3. Morphologie

Le terme morphologie dérive du grec ancien morphé (forme) et logos (science). Etymologiquement, la morphologie est donc l’étude de la forme. Il s’agit, dans le cas de la linguistique, des différentes formes et variations sous lesquelles se présentent les signifiants d’une langue donnée. Le linguiste français André Martinet a mis en évidence le principe de double articulation du langage. La première articulation se situe au niveau des unités distinctives, non pourvues de sens, et qui permettent de différencier et d’opposer les signes sur la base de certains traits. Ces unités sont les phonèmes. La deuxième articulation se situe au niveau des unités qui associent forme et sens. Ainsi, les plus petites unités porteuses de sens dans une langue ont été baptisées monèmes, catégorie subdivisée en lexèmes et morphèmes. Les lexèmes, ou monèmes lexicaux, sont les unités de base du lexique (comme le mot ‘plume’ par exemple) et constituent les mots de ‘classe ouverte’, puisque de nouveaux mots apparaissent en permanence dans cette classe. Les morphèmes, ou monèmes grammaticaux, correspondent aux mots fonctionnels et aux marques grammaticales (pronoms, articles, conjonctions…) et définissent une ‘classe fermée’. Les lexèmes sont souvent associés à des morphèmes flexionnels – marques de genre, nombre, temps etc. (comme ‘age’ dans ‘plumage’) et/ou à des morphèmes dérivationnels – qui permettent la création de mots nouveaux (comme ‘porte-’ dans ‘porte-plume’). La morphologie correspond à l’étude des règles de combinaison des monèmes les uns avec les autres. Les variations morphologiques concernent la conjugaison, les désinences de genre, nombre et cas, les adjonctions de préfixes et suffixes ou encore la formation de mots composés.

Penchant d’un côté vers la lexicologie lorsqu’elle étudie la formation des mots, la morphologie empiète aussi sur le territoire de la syntaxe, ce qui conduit souvent à parler de morphosyntaxe. Ce cas est une illustration du flou des frontières entre les différentes disciplines de la linguistique. Aucune des disciplines décrites précédemment ou ci-dessous n’est parfaitement définie, et toutes se confondent avec d’autres, rendant parfois assez complexe l’utilisation de termes parfaitement appropriés.