L’orthographe

Dans la chaîne parlée, on peut définir des unités distinctives minimales, les phonèmes (cf. chapitre B.1). De même, dans la chaîne écrite, on pourra définir des unités minimales appelées graphèmes. Les graphèmes peuvent être des lettres, des lettres accentuées ou pourvues d’un signe auxiliaire (le ‘c’ cédille (ç) par exemple), ou des groupes de lettres (gu dans ‘guépard’ par exemple). Le principe de l’orthographe repose sur la recherche d’une équivalence entre un système de graphèmes et le système des phonèmes de la langue. Selon le linguiste V.G. Gak, l’orthographe répond à cinq critères principaux. (1) Outre le principe phonétique décrit précédemment, il recense : (2) le principe morphologique qui explique que certains graphèmes comme le s par exemple ont des significations morphologiques (marque du pluriel) alors même qu’ils ne sont pas prononcés. (3) Le principe différentiel permet de distinguer des homonymes (‘sceau’, ‘sot’ et ‘seau’ par exemple). (4) Le principe traditionnel explique que, une fois une convention adoptée, il est difficile d’en changer alors même que la correspondance phonèmes/graphèmes évolue. (5) Enfin, le principe étymologique propose que certains graphèmes n’aient pas d’autre but que de marquer l’étymologie du mot dans lequel ils s’inscrivent. Ces deux derniers principes expliquent pourquoi, par exemple, on s’est attaché en français à conserver la lettre ‘c’ (qui avait pour unique équivalent phonique le [k] en latin) dans des situations où elle peut être prononcée de manières différentes (‘cirque’, ‘champ’, ‘coupe’…).

Si l’on considère l’histoire du français, on constate que l’orthographe a eu tendance à se fixer – particulièrement à partir de l’invention de l’imprimerie au XVe siècle – alors que la prononciation évoluait rapidement. Ainsi, l’orthographe du français est très loin, aujourd’hui, de représenter le système phonologique de cette langue. Par exemple, certaines lettres ne correspondent à aucun son (le h par exemple), des phonèmes peuvent être écrits de plusieurs manières (le phonème /in/ peut être écrit in, ein, ain…), un grand nombre de mots sont écrits de façon purement étymologique sans rapport avec leur prononciation, etc.