C. Langage et psycholinguistique

L’étude des processus psychologiques par lesquels les sujets humains élaborent et mettent en œuvre le système de leur langue constitue le domaine de recherche de la psycholinguistique, ou psychologie cognitive appliquée au langage. Cette discipline est née en 1954 à l’Université de Cornell, aux Etats-Unis, fondée par C.E. Osgood et T.A. Sebeok, rassemblant des linguistes et des psychologues désireux de définir un champ de recherche commun. Les opérations impliquées dans la compréhension ou la production des messages verbaux ne sont en général pas directement accessibles à la simple observation ni à l’introspection. Pour les analyser, la psycholinguistique dispose principalement de deux voies d’approche :

(1) l’étude expérimentale du traitement du langage chez l’adulte, qui permet de distinguer et manipuler des variables et d’en déduire certaines lois d’organisation des conduites langagières ;

(2) l’approche développementale centrée sur l’acquisition du langage chez l’enfant, qui permet de découvrir certains ordres d’acquisition et d’en déduire des niveaux de complexité.

Basée sur les principes de la psychologie expérimentale (étude des taux d’erreur et des temps de réaction d’un sujet dans une tâche donnée), la psycholinguistique a permis l’élaboration de modèles cognitifs de compréhension et production du langage. Après avoir retracé brièvement l’historique de la psycholinguistique, nous passerons en revue l’état de l’art concernant le traitement du langage chez l’adulte normo-lecteur, en développant principalement les connaissances sur le langage écrit, sujet d’étude de cette thèse. Nous n’aborderons que succinctement les aspects d’apprentissage de la langue chez l’enfant.