D.5.b. Symptomatologie

La dyslexie est un déficit sévère et durable dans les processus d’acquisition de la lecture. Dès le début de l’apprentissage, l’enfant présente des difficultés majeures entre autres dans l’association graphèmes-phonèmes. Contrairement au retard simple de lecture, ces difficultés vont persister après un éventuel redoublement du cours préparatoire et souvent en dépit de la rééducation orthophonique. Vers l’âge de 8 ans, l’enfant peut être totalement en échec vis-à-vis de la lecture, tout juste capable de reconnaître quelques mots simples qu’il a mémorisés, après 2 ans de scolarité régulière. Un retard de lecture de 12 à 18 mois par rapport au niveau scolaire, chez des enfants de moins de 9 ans, est considéré comme significatif. Même lorsque l’enfant a pu faire quelques acquisitions, la lecture reste lente, demandant un effort soutenu, entrecoupée par de fréquentes pauses devant des mots longs ou inconnus, pour lesquels l’enfant a recours au déchiffrage alphabétique. La compréhension de textes écrits est souvent fragmentaire, l’enfant cherchant à deviner d’après le contexte, plutôt qu’à extraire la signification du texte lui-même. A la dictée, comme au texte libre, de graves erreurs orthographiques apparaissent : outre des fautes d'usage ou d'accord, non spécifiques, on constate des omissions de syllabes, des mots mal découpés, des confusions entre les sons ; le graphisme est souvent maladroit, peu soigné, témoignant du faible investissement de l'enfant dans cette activité. Certaines fautes typiques reviennent souvent : confusions de lettres symétriques (b/d, p/q) ou inversions de graphèmes – même si ces erreurs ne sont pas spécifiques de la dyslexie. Les difficultés scolaires sont en principe limitées aux domaines de la lecture et de l'orthographe. Cependant, il peut exister des confusions sur certains symboles mathématiques, et les difficultés de lecture et de compréhension de textes écrits peuvent perturber les autres activités scolaires. Les tests neuropsychologiques tels que le WISC (échelle de QI chez l’enfant) révèlent en général des résultats inférieurs aux épreuves verbales par rapport aux épreuves de performance (non verbales). Par la suite, l'examen orthophonique permet de préciser l'importance des troubles du langage écrit. Des tests spécifiques étalonnés, évaluant la vitesse de lecture et le nombre d'erreurs, montrent un retard deplus de deux ans par rapport aux performances moyennes des enfants de même âge.

Les enfants dyslexiques souffrent fréquemment de troubles associés tels que des troubles de l’acquisition du langage oral, du geste de l’écriture – la dysgraphie –, des capacités de calcul – la dyscalculie –, de la coordination motrice – la dyspraxie –, de la posture et de la dextérité, de l’orientation temporelle – la dyschronie –, des habiletés visuospatiales et attentionnelles – hyperactivité et ‘attention deficit disorder’ (Dewey, 1995; Gross-Tsur et al., 1996; Gross-Tsur et al., 1995; Rapin and Allen, 1988; Weintraub and Mesulam, 1983). Certaines difficultés rencontrées par les enfants dyslexiques peuvent persister à l'âge adulte, et il s'agit d'un facteur majeur d'illettrisme, d'échec scolaire et d'exclusion sociale. Le handicap potentiel est globalement considérable et très variable selon les individus.