Probable origine génétique des troubles

Des études de familles de sujets dyslexiques ainsi que de jumeaux ont conduit les chercheurs à postuler l’existence d’un facteur génétique dans la dyslexie développementale (DeFries et al., 1987), avec une transmission autosomale dominante (Hallgren, 1950). DeFries et al. ont montré que si un jumeau homozygote est dyslexique, le second a 68% de risques de l’être aussi, alors que dans le cas de jumeaux hétérozygotes, cette probabilité n’est que de 38%. Une étude menée sur une vaste population a retrouvé pour un garçon dyslexique un antécédent paternel dans 40% des cas et maternel dans 35% des cas, ce qui représente un risque 5 à 7 fois plus élevé que dans une population témoin (Vogler et al., 1985). Pour les filles les taux sont plus faibles (17 à 18% pour un des deux parents) ce qui représente tout de même 12 fois le risque des témoins. Aucun gène responsable de la dyslexie n’a été séquencé jusqu’à ce jour, mais un certain nombre de régions sensibles ont été localisées sur les chromosomes 1,2, 3, 6, 15 et 18 (Fagerheim et al., 1999; Fisher et al., 1999; Flint, 1999).

La transmission génétique est probablement très complexe puisque non élucidée à ce jour : différentes formes de dyslexies pourraient survenir dans une même famille, alors que différents gènes sont impliqués dans différents aspects de troubles de la lecture (Fisher and DeFries, 2002). La contribution génétique semble être plus importante pour les dyslexiques phonologiques que pour les dyslexiques de surface, ce qui suggère que l’influence environnementale est significative pour le dernier groupe (Castles et al., 1999). Cette influence environnementale pourrait provenir de l’environnement prénatal, bien que ceci ne soit que spéculatif pour l’instant (Bryden et al., 1994; Geschwind and Behan, 1982). Il existe aujourd’hui un consensus avançant l’idée d’un lien complexe entre le fait d’être non-droitier, d’être sujet à des maladies immunitaires, d’être un homme (sécrétions hormonales spécifiques) et d’être sujet à des troubles de l’apprentissage verbal. La nature de ce lien, bien qu’il soit très probablement génétique, reste totalement spéculative (Hugdahl, 1994).