Programmation et exécution motrice

Outre les traitements orthographiques, phonologiques et sémantiques induits par la reconnaissance visuelle et auditive de mots, la lecture à haute voix et la répétition de mots impliquent un acte moteur. Ainsi, au cours de ce type de tâches actives, différentes aires cérébrales sont activées, mettant en place la programmation et l’exécution pour la production de parole.

Les processus moteurs de la production linguistique semblent être sous-tendus principalement par le cortex moteur primaire (BA 4), le cortex pré-moteur latéral et médial (BA 6) et le cervelet médian de l’hémisphère gauche (Fiez, 1997; Fiez and Petersen, 1998; Hagoort et al., 1999).

L’étude de Price et al. (Price et al., 1996c), contrastant la répétition de mots entendus à l’écoute passive de ces mêmes mots, révèle des activations dans les cortex sensorimoteurs bilatéraux, associées à l’output vers les muscles laryngé, lingual et facial, mais aussi probablement au contrôle volontaire de la respiration, composante nécessaire à l’articulation (Ramsay et al., 1993).

L’aire motrice supplémentaire (SMA, BA 6) et le gyrus cingulaire (BA 29/33), activés aussi dans cette étude, sont associés à l’initiation de la parole, puisque des lésions dans ces régions provoquent une aphasie motrice transcorticale 31 (Damasio and Geschwind, 1984; Mesulam, 1990).

Enfin, l’insula antérieur est aussi impliqué dans la répétition et la lecture, cette aire étant associée à la planification de l’articulation (Wise et al., 1999).

Hormis l’acte moteur en lui-même, la répétition de mots entendus et la lecture à voix haute impliquent l’entente de sa propre voix par le locuteur. Ainsi, les cortex auditifs primaires (BA 41/42) sont activés pendant les tâches de lecture – bien que la stimulation soit visuelle – du fait que les sujets entendent les sons de leur propre voix (Price et al., 1996a).

De plus, le contrôle du feed-back verbal lors de la production de langage est très important pour le locuteur. Ce ‘retour’ auditif lui permet de contrôler en temps réel sa production langagière. Ce contrôle de la production de parole semble être sous-tendu par les gyri temporaux supérieurs bilatéraux (BA 22/42) (Hagoort et al., 1999; Indefrey and Levelt, 2004; Price et al., 1996c). En effet, des distorsions du retour verbal induisent une augmentation de l’activité des aires temporales supérieures (Hashimoto and Sakai, 2003; Hirano et al., 1997; McGuire et al., 1996).

Notes
31.

Une aphasie motrice transcorticale est une perte de la production spontanée de la parole, sans perte de la capacité à répéter.