Effets attentionnels et mnésiques liés au traitement du langage

(A) Comme toute activité cognitive, la lecture est dépendante des processus attentionnels, sous-tendus par les gyri cingulaires (Howard et al., 1992; Petersen et al., 1988; Posner et al., 1988), le thalamus (Hagoort et al., 1999), et le lobule pariétal postérieur – souvent associé aux processus attentionnels de nature visuo-spatiale (Behrmann et al., 2004; Corbetta et al., 1998; Simon et al., 2002).

Une asymétrie entre les fonctions des lobes pariétaux droit et gauche a été décrite :

(1) Une activation préférentielle du lobe pariétal droit a été observée dans des cas d’implication d’une forte vigilance (Paus et al., 1997), de traitements globaux, ou d’attention visuo-spatiale pour une orientation globale dans l’espace (Corbetta et al., 1993).

(2) L’activation du lobe pariétal gauche semble être plus impliquée dans les traitements locaux – détection de traits fins par exemple (Driver et al., 1992) –, dans l’attention dirigée précisément dans l’espace, ainsi que pour les processus d’attention temporelle (Coull and Nobre, 1998).

Dans une expérience d’amorçage orthographique, sémantique ou morphologique, Devlin et al. (Devlin et al., 2004) observent une activation du gyrus angulaire postérieur bilatéral dans les trois types de conditions. Les auteurs en déduisent qu’une activation dans cette région reflète une réduction de charge attentionnelle liée à l’amorçage, plutôt qu’un traitement linguistique spécifique.

(B) La mémoire est aussi impliquée dans de multiples activités cognitives, dont le langage, puisque les différentes tâches d’identification et de production langagières ne sont possibles que grâce au système mnésique. Les principales structures cérébrales liées à l’apprentissage sont les circuits sous-corticaux comprenant l’hippocampe et le noyau amygdalien, dans la profondeur des lobes temporaux (Squire et al., 2004).

D’autre part, la mémoire est couramment sub-divisée en mémoire épisodique (souvenirs) et mémoire sémantique (connaissances) (Tulving, 1995).

(1) L’encodage de la mémoire épisodique serait sous-tendu par les régions pré-frontales gauches, alors que son évocation activerait plutôt les régions pré-frontales droites.

(2) La mémoire sémantique semble être sous-tendue par les structures corticales impliquées dans les divers mécanismes cognitifs afférents à ces connaissances (Tulving et al., 1994).

Pour ce qui est de la mémoire de travail, elle est habituellement sub-divisée en trois ‘centres fonctionnels’ (Baddeley, 2003) : (1) L’administrateur central, qui fournit les ressources attentionnelles nécessaires à la tâche, impliquerait l’activation du cortex pré-frontal latéral (Paulesu et al., 1993). (2) La boucle articulatoire, permettant le maintien des informations dans le stock phonologique et la prononciation à voix basse, activerait l’aire de Broca. (3) Enfin, le stock phonologique serait localisé au niveau du gyrus supramarginal gauche (Gold and Buckner, 2002; Paulesu et al., 1993) (voir dans ce chapitre le ‘Traitement phonologique’).