E.6.c. Traitement lexical (évènement N2)

Cohen et al. proposent qu’une négativité occipito-temporale gauche (180 à 200 ms) (N2), prolongée pour les mots par rapport aux non-mots, corresponde à l’activation du ‘Visual Word Form System’ (Cohen et al., 2000). Cette temporalité reflèterait la transition entre les effets purement visuels induits par la présentation d’un mot, et le début des effets lexicaux.

En effets, cette onde est spécifiquement observée lors de la reconnaissance de mots et de pseudo-mots, mais pas de non-mots et de séquences de caractères non alphabétiques (Cohen et al., 2000; Cohen et al., 2002; Petersen et al., 1990). Elle est aussi plus ample pour les lettres que pour les chiffres (Polk et al., 2002). Mais de même qu’en localisation (voir paragraphe E.2. sur le ‘Traitement lexical’), le débat reste ouvert quant à la spécificité de cette activation au traitement des mots, versus tout autre stimulus visuel.

D’après Pammer et al. (Pammer et al., 2004), l’activation de la VWFA – 200 ms après présentation du stimulus visuel – serait accompagnée d’une activité dans le gyrus frontal inférieur (BA 44/6), le gyrus temporal antérieur médian (BA 21/38) et le gyrus temporal postérieur médian (BA 37/39).

La temporalité de l’accès lexical au cours de la lecture demeure énigmatique, puisque les expériences réalisées sur les effets de fréquence lexicale ont mené à des résultats aussi variables qu’une sensibilité lexicale précoce (150 ms) (Proverbio et al., 2004; Sereno et al., 1998) à des différences n’apparaissant que 500 ms après stimulation (Polich and Donchin, 1988). Il n’en demeure pas moins que de nombreuses expériences répertorient des activations latéralisées à gauche, entre 180 et 250 ms post-stimulation, spécifiques à la présentation de mots (Pammer et al., 2004; Proverbio et al., 2002a; Salmelin et al., 1996; Tarkiainen et al., 1999).

Il existerait par ailleurs un traitement spécifique des séquences de lettres n’étant pas des mots, dans les aires frontales inférieures gauches, entre 170 et 230 ms après stimulation (Fiebach et al., 2002; Rodriguez-Fornells et al., 2002). Ceci est en accord avec le modèle de la lecture à double voie, ces activations représentant les traitements opérés sur les séquences alphabétiques ne rentrant pas dans la voie directe de lecture. Cette région ferait partie de la voie phonologique de lecture, assurant entre autres l’assemblage phonologique des pseudo-mots.