E.6.e. Effets attentionnels (évènement P300)

Lorsque l’on présente des stimuli identiques et successifs à un sujet, quelle que soit la modalité sensorielle, l’apparition d’un stimulus peu fréquent induit une large positivité – P3b – dans le décours des PE, maximale au niveau des électrodes pariétales. De plus, si l’on ajoute dans l’expérience un nouveau stimulus non fréquent, une nouvelle composante P300 est observée – la P3a – qui est maximale au niveau des aires fronto-centrales. La P3a semble être un marqueur de l’évaluation du signal et des variations automatiques d’attention (Comerchero and Polich, 1998; Escera et al., 1998; Katayama and Polich, 1998) alors que la P3b serait associée aux opérations en mémoire de travail (Donchin et al., 1986; Fosker and Thierry, 2005; Polich and Kok, 1995).

De manière générale, l’amplitude de la P300 est connue pour refléter la quantité de ressources attentionnelles allouées à une stimulation (Kramer and Strayer, 1988; Wickens et al., 1983), alors que sa latence reflèterait le temps requis pour la catégorisation d’un stimulus (Kutas et al., 1977; McCarthy and Donchin, 1981; Polich, 1986).

D’autres évènements électrophysiologiques semblent être liés aux effets attentionnels : Les études réalisées en Potentiels Evoqués montrent qu’il existe des traitements précoces et tardifs dans l’attention visuelle (pour une revue, voir (Luck et al., 2000)). L’attention sélective précoce influencerait les traitements dès 60-100 ms après apparition des stimuli (Hillyard and Munte, 1984; Mangun and Hillyard, 1988) : les composantes sensorielles précoces du signal sont typiquement plus amples si la localisation visuelle du stimulus est attendue par le sujet que si elle ne l’est pas.

Par ailleurs, l’implication du cortex pré-frontal inférieur dans les mécanismes attentionnels se traduit par une déviance négative du tracé de Potentiels Evoqués (Naatanen et al., 1992; Thierry et al., 2003a; Thierry et al., 1998; Thierry et al., 2003b). Cette dérive est observée au cours d’une tâche dans laquelle le sujet doit maintenir son attention sur un item particulier, en attendant la présentation d’un autre item par exemple.

L’évènement P300 peut aussi refléter un autre phénomène, dans des tâches n’impliquant pas d’effet attentionnel particulier ou de stimuli déviants : la reconnaissance de mots induit une P300, qui est plus ample pour les stimuli visuels communs, que ce soit des mots, des images, des visages… (Rudell and Hua, 1997). Par exemple, une P300 est observée lorsque les sujets voient des mots, mais pas lorsqu’ils voient des pseudohomophones ou des mots écrits avec changements de casse (‘mixed case words’ : eg. tAbLe) (Sauseng et al., 2004).