E.6.g. Traitement syntaxique (LAN et évènement P600)

La LAN (Left Anterior Negativity) semble refléter le traitement syntaxique précoce et automatique (Friederici, 2004). Cette négativité est observée sur les électrodes antérieures gauches, environ 180 ms après présentation auditive d’une aberration syntaxique, puis est suivie d’une négativité vers 400 ms (Friederici et al., 1993).

La P600 reflète quant à elle un traitement syntaxique plus tardif et contrôlé, par exemple dans le cas d’une réanalyse entraînée par une violation syntaxique ("effet classique P600") (Friederici, 2004; Munte et al., 1997) : Hagoort et al. (Hagoort et al., 2003) ont ainsi observé une P600 postérieure, environ 600 ms après présentation d’une violation syntaxique en modalité visuelle, associée à une négativité frontale bilatérale entre 300 et 500 ms.

Récemment, l’effet P600 a été observé dans des tâches impliquant des anomalies sémantiques (Hoeks et al., 2004; Kim and Osterhout, 2005; Kolk et al., 2003; Kuperberg et al., 2003; van Herten et al., 2005). Selon Kolk et al. (Kolk et al., 2003), lorsqu’un stimulus linguistique incohérent est traité (e.g. ‘Sur la mer se dessinent de nombreux râteaux’), et que dans le même temps un élément linguistique différent mais formellement proche est fortement attendu (e.g. ‘Sur la mer se dessinent de nombreux bateaux’), le cerveau réanalyse l’input pour vérifier qu’il n’y a pas eu erreur de traitement de l’information. Il s’agit de l’hypothèse du ‘P600 monitoring’ : un système de contrôle du traitement aurait lieu dans la perception du langage, comme cela a déjà été observé en production de langage (Levelt, 1983) et en activation motrice (Holroyd and Coles, 2002). Ceci permettrait à un lecteur, lorsqu’il perçoit un message linguistique incongru, de contrôler si le message était celui-ci, ou s’il s’agit d’une erreur de traitement.