Effets du temps de présentation des séquences de lettres

L’onde N1 est fortement dépendante du TP : (1) la N1 est significativement retardée de 26 ms environ quand le temps de présentation des stimuli passe de 50 à 66 ms. (2) De plus, la N1 est modulée en amplitude par le contexte lexical, uniquement pour un TP de 66 ms. Une explication possible à cette observation vient du modèle de Grainger & Jacobs (Grainger and Jacobs, 1994). Dans ce modèle, les effets "Top-down" lexicaux peuvent influencer l’identification de lettre au stade de traitement des lettres ou à celui de traitement des mots. Nous faisons l’hypothèse que seul le dernier stade est impliqué dans ces effets lorsque le TP est de 50 ms. Un temps de présentation plus long permet la mise en place de feedbacks dès le niveau de traitement des lettres :

(1) Pour un TP de 66 ms, les effets "Top-down" lexicaux influencent le processus dès le traitement des lettres, induisant des divergences de traces de la N1. Cette influence lexicale se prolonge durant le stade de traitement des séquences de lettres, induisant des variations de traces de la NLeft.

(2) Dans l’autre condition (TP de 50 ms), le temps de présentation est trop court pour permettre un feedback significatif au niveau du traitement des lettres. Les différences entre les contextes ‘Mot’ et ‘Non-mot’ ne seront alors basées que sur le niveau de traitement des séquences de lettres, et seront donc plus tardives (influence uniquement de la NLeft) (cf Figure 4.4 ; région temporale gauche).

Selon cette hypothèse, les effets "Top-down" lexicaux auraient lieu pour les deux TP, mais en étant plus ‘efficaces’ à 66 qu’à 50 ms. Ceci est congruent avec les résultats comportementaux, puisque l’on observe un effet de supériorité du mot dans les deux conditions de TP, mais que cet effet est significativement plus important pour un TP de 66 ms.