A.2. L’attention sélective

Trois types d’études testant l’attention sélective ont été publiés dans la littérature :

(1) Lorsque l’attention du sujet est focalisée dans une région de l’espace versus une autre, il sera plus rapide et efficace pour traiter un stimulus apparaissant en localisation ‘cible’ plutôt qu’ailleurs sur l’écran (Posner, 1980; Posner et al., 1980).

Les études réalisées en PE révèlent qu’un stimulus de localisation ‘attendue’ est traité différemment qu’un stimulus de localisation inattendue, dès 60 ms après sa présentation visuelle (stades de traitement ‘bas niveau’) (Hillyard and Munte, 1984; Neville and Lawson, 1987; Rugg et al., 1987) : les ondes P1 et N1 sont plus amples lors du traitement de stimuli projetés en localisation ‘cible’ (Luck, 1994; Mangun and Hillyard, 1991; Posner and Gilbert, 1999).

(2) Lorsque deux types de stimuli sont présentés simultanément à un sujet, les traitements seront influencés selon que le sujet porte son attention sur une catégorie de stimuli, l’autre ou les deux en même temps. On parle alors d’effet "cocktail party". Ce test d’attention sélective révèle par exemple que la focalisation de l’attention d’un sujet sur deux tâches simultanément entraîne une diminution des performances comportementales pour une tâche ou pour les deux (Meyer and Kieras, 1997; Navon and Miller, 2002). Lorsque des stimuli sont envoyés simultanément à un sujet, dans différentes modalités (vision, audition oreille gauche et audition oreille droite par exemple), les aires spécifiques au traitement des stimuli attendus sont plus activées que lorsque les mêmes stimuli ne sont pas les cibles de la tâche (Vorobyev et al., 2004).

(3) D’autres études ont montré que la discrimination d’un attribut particulier d’un stimulus (forme, couleur…) est plus efficace quand l’attention du sujet est focalisée sur cet attribut (attention sélective) plutôt que sur plusieurs (attention divisée) ou aucun (Corbetta et al., 1990; Corbetta et al., 1991; Posner and Gilbert, 1999).

Il faut noter tout de même que l’attention sélective influence ou non les différents stades de traitement d’un stimulus, en fonction de la tâche (Luck et al., 2000; Posner and Gilbert, 1999). Luck & Hillyard proposent que l’attention sélective influe sur le traitement d’un stimulus uniquement si les interférences avec ce traitement précis sont trop importantes (Luck and Hillyard, 1999). Ainsi, si les distracteurs ne ‘gênent’ pas la réalisation du traitement, l’attention sélective portée sur le type de stimuli à traiter n’aura aucune incidence. A l’inverse, si la tâche est plus difficile à réaliser lorsque les distracteurs sont traités, l’attention sélective permettra de ‘focaliser’ le sujet uniquement sur les stimuli ‘cibles’.