E.4. Observations complémentaires

Après présentation du premier item d’une paire, et maintien en mémoire de cet item pour différer la prise de décision (condition ‘Hold’), la mémoire de travail est fortement sollicitée. Ceci est confirmé par l’observation faite – dans la première analyse – d’une dérive négative entre l’onde P300 et la présentation du second item. Cette dérive négative de potentiel est significativement plus ample en condition de maintien d’attention (versus relâchement) et plus ample lorsque les cibles sont les mots (versus pseudo-mots).

Elle est interprétable, sur le plan électrophysiologique, comme une CNV (‘Contingent Negative Variation’) (McEvoy et al., 1998; Rugg, 1984) et sur le plan cognitif comme un engagement de la mémoire de travail : en condition de maintien d’attention dans l’attente du traitement du second item de la paire, le premier item est stocké en mémoire de travail pendant le délai inter-stimuli. Cette activité a déjà été décrite pour des tâches linguistiques testées en Potentiels Evoqués (Naatanen et al., 1992; Thierry et al., 2003a; Thierry et al., 1998; Thierry et al., 2003b). Cette dérive correspondrait à une activité neuronale bilatérale dans le cortex pré-frontal inférieur (BA46), modulée par la charge en mémoire de travail (Caplan et al., 2000; Thierry et al., 2003b).

Les différentes analyses réalisées révèlent par ailleurs que les trois facteurs attentionnels étudiés n’interagissent jamais : aucune interaction significative entre les facteurs n’est obtenue dans chacune des trois analyses. Les facteurs étudiés (1) ont des effets significatifs à différents niveaux d’analyses ; (2) sont dépendants de la difficulté de la tâche ; (3) peuvent avoir dans certaines circonstances des effets additifs ; (4) mais n’ont jamais d’effets opposés.

Ainsi, bien que les effets attentionnels testés soient divers, leurs influences couplées sont toujours complémentaires, et jamais inverses.