B. Perspectives

Les différentes études de la lecture présentées dans ce manuscrit nous ont permis de mettre en évidence l’importance des conditions expérimentales dans l’analyse de résultats d’électrophysiologie :

Le temps de présentation des stimuli langagiers peut induire des variations significatives de résultats, même dans le cas où il passe uniquement de 50 à 66 ms.

Les stimuli langagiers servant de ‘contrôles’ dans les études de reconnaissance visuelle de mots isolés influencent significativement les résultats : que les mots soient présentés alternativement avec des pseudo-mots ou des non-mots fait que les traitements spécifiques des mots ne sont pas nécessairement observables sur les tracés électrophysiologiques. Il en est de même pour les résultats d’imagerie cérébrale, où le choix de la condition contrôle utilisée dans la méthode soustractive est capital. Des études de psychologie expérimentale ont aussi mis en avant l’importance du choix des catégories de stimuli. En effet, des pseudo-mots présentés alternativement avec des mots ne sont pas traités de la même manière par les sujets que s’ils sont présentés avec des non-mots : par exemple, l’effet de la position du regard est obtenu pour des pseudo-mots présentés en alternance avec des mots, mais pas pour les mêmes pseudo-mots présentés en alternance avec des non-mots (Nazir, T.A. données non publiées).

Paradoxalement, il semble que la consigne même de la tâche ait une incidence moins importante que le temps de présentation ou que les stimuli ‘contrôles’. Les deux études que nous avons réalisées – bien que basées sur des paradigmes très différents – montrent toutes deux que les différentes phases de traitement d’un mot, du traitement des traits visuels à la catégorisation, sont mises en place lors de la présentation visuelle des stimuli, que la tâche soit une décision lexicale, une vision passive ou une identification de lettre.

La principale perspective de ce travail de recherche serait donc de reproduire les deux études présentées, en faisant varier les conditions expérimentales.

L’étude des effets "Top-down" lexicaux pourrait être testée – grâce au paradigme de Reicher-Wheeler – en utilisant des stimuli langagiers présentés verticalement ou horizontalement, afin de définir si les influences lexicales peuvent être de type "Bottom-up".

L’étude des effets "Top-down" attentionnels – basée sur le paradigme Hold/Release – pourrait être reproduite en utilisant des mots et des non-mots, afin de tester les effets de l’attention sélective sur l’onde NLeft, et de juger de l’automaticité de la phase de traitement des séquences de lettres, avec ou sans soutien d’attention.

L’étude des effets "Top-down" attentionnels chez les sujets dyslexiques pourrait être reproduite avec des conditions expérimentales moins ‘complexes’ (discrimination de mots versus non-mots, délai entre deux stimuli d’une paire augmenté…), afin d’obtenir des tracés de PE moins ‘bruités’, et donc de pouvoir étudier les différentes phases de traitement reflétées par les ondes P1, N1 et NLeft.

Enfin, le paradigme de Reicher-Wheeler semble être un outil intéressant pour tester le décours temporel des effets "Top-down" lexicaux. Utiliser ce paradigme en faisant varier différents facteurs expérimentaux permettrait de définir la dépendance des effets "Top-down" lexicaux à ces différentes variables manipulées.

Le paradigme de Hold/Release est un outil permettant entre autre de tester l’automaticité de différents traitements linguistiques, en fonction du soutien ou du relâchement de l’attention du sujet. Ce paradigme pourrait permettre à l’avenir de tester l’automaticité de différents processus cognitifs autres que le traitement de mots isolés présentés en modalité visuelle.