ANNEXES

Annexe 1.1 : Modularité versus modèles interactifs

Deux conceptions différentes s’opposent actuellement en ce qui concerne le traitement du langage, découlant d’approches très différentes du fonctionnement de l’esprit humain :

Le postulat de modularité de Fodor

La plupart des modèles de psychologie cognitive développés à partir des années 80 sont basés de manière plus ou moins explicite sur le postulat de modularité, énoncé par Fodor en 1983 (Fodor, 1983). D’après Fodor, le système cognitif est subdivisé en sous-systèmes – ou modules – spécialisés dans le traitement d’une dimension particulière du stimulus. L’élaboration de modèles cognitifs basés sur le postulat de modularité se base sur un certain nombre de principes élémentaires : (a) chaque module est autonome en terme de ressources cognitives ; (b) chaque module est spécifique d’un domaine cognitif particulier ; (c) le traitement modulaire est automatique et inconscient ; (d) les processus de chaque module sont innés ; (e) chaque module est associé à un système neural structuré, spécifique et localisé. En ce qui concerne plus spécifiquement la capacité cognitive du langage, Fodor propose que la faculté de langage constitue un module périphérique, indépendant des systèmes centraux. Etroitement spécialisé dans le traitement des données verbales, ce système est imperméable à tout autre type d’information (contextuelle, attentes du sujet, connaissances générales…) et à tout contrôle central. Son fonctionnement est, de ce fait, rapide et irrépressible. Ce module reçoit à l’entrée le produit de l’analyse acoustique ou visuelle et fournit à la sortie la forme linguistique de l’énoncé, toute interprétation nécessaire étant ensuite prise en charge par les systèmes centraux. D’après un des fondement de son postulat, les principes de fonctionnement de ce système sont innés – idée reprise de Chomsky que la faculté de langage est biologiquement déterminée.

La principale critique faite à Fodor est que son postulat implique une coupure radicale entre les aspects purement linguistiques, et les aspects extra-linguistiques du traitement, que les données empiriques ne justifient pas (voir (Marslen-Wilson, 1987) pour une discussion). Les données expérimentales semblent indiquer une modularité partielle de certains niveaux de traitement, qui n’exclut pas, dans certains cas, leur perméabilité à certaines informations de niveau supérieur.