Introduction

La schizophrénie a été définie récemment de la façon suivante : « Forme la plus fréquente et la plus typique des psychoses de l’adulte, débutant le plus souvent après l’adolescence. Elle associe de manière variable un syndrome de désorganisation (la dissociation) touchant la vie mentale, émotionnelle, le langage, le comportement, des troubles de la représentation de soi (altérant l’identité) mais aussi d’autrui, et des troubles de la relation avec le monde ou autrui (altérant la communication) : l’autisme schizophrénique. Des symptômes caractéristiques, hallucinations et délire, fréquemment présents, expriment ces altérations qui culminent dans une perte de la distinction entre soi et autrui (Schneider, 1959) » (N. Georgieff, in Tiberghien et al., 2002, p. 270).

La schizophrénie est un trouble relativement fréquent (sa prévalence atteint en effet 1%). C'est aussi un trouble très invalidant dont la prise en charge, souvent longue et coûteuse pour le patient et pour la société, n’apporte qu’un soulagement relatif. Il est donc essentiel d’améliorer la compréhension des mécanismes cognitifs en jeu dans la production des symptômes psychotiques qui en constituent le tableau. La compréhension approfondie des déficits cognitifs dans la schizophrénie peut, en particulier prévenir l’échec de certains traitements. La neuropsychologie cognitive est une des approches les plus fructueuses pour étudier la symptomatologie schizophrénique, la dimension cognitive permettant en effet de relier les symptômes psychotiques à des anomalies cognitives. La neuropsychologie cognitive des dysfonctionnements cognitifs et mnésiques contribue également à faire évoluer les conceptions théoriques de la mémoire chez le sujet normal. En retour, les concepts et les méthodes de la psychologie cognitive permettent une étude plus contrôlée des troubles mnésiques qui accompagnent les pathologies psychiatriques comme la schizophrénie. Les objectifs de notre démarche sont donc de décrire ces dysfonctionnements mnésiques, d’en comprendre les mécanismes en termes de perturbations des processus cognitifs sous-jacents et d’en proposer des modèles explicatifs. Au-delà de ces objectifs de recherche fondamentale, le but poursuivi est aussi de permettre une meilleure connaissance de la pathologie elle-même et l’élaboration de nouveaux modèles de compréhension de la psychopathologie. La neuropsychologie cognitive illustre l’intérêt d’une approche multidisciplinaire fondée sur l’articulation des sciences cognitives et médicales intégrant la psychologie cognitive, dont les modèles du fonctionnement cognitif élaborés chez le sujet normal peuvent être mis à l’épreuve et enrichis par leur confrontation aux données de la pathologie.