Le syndrome de la schizophrénie

Certains psychiatres ont proposé une division des symptômes de la schizophrénie en deux dimensions séparées : positives et négatives (Andreasen & Olsen, 1982 ; Crow, 1980). Les symptômes positifs se rapportent à des productions anormales telles que les hallucinations (auditives, verbales, olfactives, cénesthésiques, etc.), le délire (de type persécution, jalousie, délire corporel, mégalomaniaque, fantastique, etc.) et certains troubles moteurs. On leur associe aussi parfois les troubles de la pensée formelle (incohérence, diffluence, illogisme), ainsi que les bizarreries ou incohérences du comportement qui sont d’habitude regroupées au sein d’une troisième dimension : la désorganisation. Les symptômes négatifs reflètent, eux, une insuffisance de fonctionnement. Ils se traduisent par exemple par un retrait émotionnel et social, un ralentissement et un appauvrissement de la pensée et du langage et de ses contenus, une aboulie (absence de volonté), une apathie (indifférence affective), une anhédonie (incapacité à éprouver du plaisir) et un retrait social.

Aujourd’hui, plusieurs échelles servent à poser le diagnostic de schizophrénie (DSM IV 1 , 1996 ; CIM X 2 , 1992). Le DSM-IV, par exemple, requiert l’existence de 2 au moins des 5 symptômes caractéristiques pour que le diagnostic de schizophrénie puisse être établi (Tableau 1). On constate que la symptomatologie peut être variable et différente d’un patient à l’autre. Le besoin de catégories clairement définies est de ce fait vivement ressenti. Selon certains chercheurs, une relative inconsistance dans les données expérimentales est la conséquence de frontières mal définies entre les catégories diagnostiques. Le diagnostic de la schizophrénie reste d'ailleurs exclusivement clinique ; il est basé sur l’appréciation par le clinicien de la présence de signes cliniques observables et rapportés par le patient. Aucun critère mesurable, biologique, d’imagerie cérébrale ou provenant d’autres examens complémentaires ne remplit encore les conditions nécessaires (spécificité et sensibilité) pour être utilisé à titre diagnostique.

Tableau 1 : Critères diagnostiques de la schizophrénie selon le DSM-IV (traduction française)
Tableau 1 : Critères diagnostiques de la schizophrénie selon le DSM-IV (traduction française)

En conclusion, bien que la schizophrénie, telle qu'elle a été cliniquement décrite depuis plus d’un siècle, présente des formes symptomatiques variées, nous la considérerons, dans ce travail de thèse, comme un syndrome globalement cohérent. L’échantillon des patients étudiés regroupe des patients présentant des formes cliniques différentes de schizophrénie. Nous sommes conscients que des biais d’inclusion peuvent engendrer d'éventuelles erreurs d’interprétation des résultats expérimentaux recueillis. Mais ce risque existe aussi, plus dissimulé, chez les sujets normaux, et seules des méthodes inférentielles rigoureuses peuvent en limiter la portée. Le critère d’inclusion pour nos études repose donc uniquement sur la vérification du diagnostic de schizophrénie, selon les critères du DSM IV, quelle que soit la forme clinique.

Notes
1.
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, American Psychiatric Association.
2.

Classification Internationale des Maladies, 10e, Organisation Mondiale de la Santé.