1.1.2. La mémoire de travail

Des troubles de la mémoire de travail ont souvent été étudiés et observés chez les patients schizophrènes même dans les premiers épisodes, que les patients soient ou non médicamentés (Barch et al., 2001 ; Bilder et al., 1991 ; Lussier & Stip, 2001 ; Saykin et al., 1994). La mémoire de travail, définie comme un système impliquant le stockage, la manipulation et la coordination de représentations cognitives (Baddeley, 1986) est altérée chez de jeunes personnes chez qui il existe un risque à développer une psychose (Wood et al., 2003). Certains ont d'ailleurs placé la mémoire de travail au centre des déficits cognitifs observés dans la schizophrénie (Silver, Feldman, Bilker, & Gur, 2003). Les derniers résultats observés par Daban et al (2005) sont cohérents avec l’hypothèse que les déficits de mémoire de travail chez les patients schizophrènes apparaissent au début de la maladie et peuvent donc être considérés comme fondamentaux (Barch et al., 2001 ; Carter et al., 1996 ; Saykin et al., 1994 ; Silver et al., 2003). Les schizophrènes ne tirent pas de bénéfices d’indices prévisibles et présentés à intervalles réguliers dans de simples tâches de temps de réaction (Nuechterlein & Dawson, 1984) et présentent des déficits dans des tâches d’apprentissage de séquences abstraites (Dominey & Georgieff, 1997). La mémoire de travail spatiale est également altérée chez les patients au début de la maladie (Hutton et al., 1998), et chez des patients non médicamentés (Lussier & Stip, 2001). Posada, Franck, Georgieff et Jeannerod (2001) ont étudié la capacité des patients schizophrènes à prévoir l’apparition d’événements dans une tâche apprise au préalable. Ils ont montré, chez un groupe de patients, des difficultés à prévoir l’ordre d’apparition de cibles (dans le temps ou dans l’espace). Bien que les patients se soient avérés capables d’apprendre les séquences d’apparition des cibles en phase d’étude, ils ont révélé des déficits de mise à profit de leur connaissance en phase de test pour produire des réponses anticipatrices. Enfin, des déficits de mémoire de travail ont été également observés en utilisant un paradigme d’anti-saccades de mouvements oculaires. Cette tâche demande aux sujets d’évaluer « en temps réel » la position d'une cible, de supprimer une réponse automatique et de produire un mouvement oculaire inverse (Crawford, Haeger, Kennard, Reveley, & Henderson, 1995 ; Walker, Husain, Hodgson, Harrison, & Kennard, 1998).