1.1.5. La mémoire à long terme

Alors que Kraepelin (1919) proposait que la schizophrénie est caractérisée par une détérioration générale du fonctionnement cognitif, Bleuler (1911) lui, posait que certaines fonctions cognitives, dont la mémoire, devaient être épargnées pour parler de schizophrénie. Par la suite les auteurs ont considéré les déficits mnésiques comme secondaires aux déficits attentionnels ou comme des déficits non spécifiques de la maladie. Mais depuis, de nombreuses études ont montré que des déficits de la mémoire à long terme, à la fois généraux et spécifiques, peuvent être observés dans la schizophrénie (Clare, McKenna, Mortimer, & Baddeley, 1993 ; Cutting, 1985 ; Frith & Done, 1988) et, au cours des dernières décennies, la nature de ces difficultés mnésiques a été largement étudiée (pour une revue : Aleman, Hijman, de Haan, & Kahn, 1999 ; Landro, 1994). Les résultats d’études longitudinales montrent ainsi que les déficits observés chez les schizophrènes sont différents de ceux qui affectent la mémoire dans les conditions habituelles. Ils ne sont pas induits par les médicaments et ils ne sont pas la conséquence, directe ou indirecte, de troubles attentionnels. Enfin, leur importance ne semble pas affectée par la durée d’évolution de la maladie et sa sévérité (Aleman et al., 1999). L’importance et la stabilité de l’association entre la schizophrénie et le déficit mnésique peut faire penser que ce dernier est un trait caractéristique de la maladie plutôt qu’un état induit par celle-ci. Plusieurs signes de dysfonctionnement mnésique pourraient, de plus, être déjà présents chez les sujets à risque.