3.6. La procédure Se souvenir/Savoir (Remember/Know)

Une autre méthode permet de dissocier la contribution de la recollection de celle de la familiarité lors de la reconnaissance. Tulving (1985) a développé le paradigme « remember/know » qui nécessite une auto-évaluation, par les sujets, des états de conscience associés à leur reconnaissance. Une réponse de type «  souvenir » (remember) doit être donnée si les informations contextuelles et épisodiques relatives à l’item sont récupérées (récollection). Une réponse de type « savoir » (know) doit être donnée lorsque l’item est reconnu comme familier en l’absence de récupération d’éléments contextuels présents à l’encodage (familiarité). Cette auto-évaluation intervient une fois la réponse de reconnaissance donnée.

Étant donné que des sujets sont tenus de répondre « souvenir» (remember) chaque fois qu'un item est récollecté, la proportion de réponses « souvenir » peut fournir une mesure de la récollection. Dans plusieurs études, la proportion de réponses « savoir» (know) a servi comme évaluation de la familiarité (par exemple, Gardiner, 1988). Puisque les réponses « savoir » et les réponses « souvenir» sont exclusives (pour un item donné, une seule réponse possible), cette méthode suppose que les processus de familiarité et de recollection sont mutuellement exclusifs. Elle diffère donc des méthodes qui postulent une indépendance stochastique de ces deux processus. De plus, comme les sujets ont pour instruction de répondre « savoir » quand un item est familier mais non récollecté, la proportion de ces réponses tend à sous-estimer la probabilité qu’un item soit familier. Pour compenser cette sous-estimation, une méthode d’indépendance « Remember/Know » (Yonelinas & Jacoby, 1995 ) est souvent utilisée (Wagner, Gabrieli, & Verfaellie, 1997 ; Yonelinas, 2001a). Dans cette méthode le pourcentage de réponse « souvenir » est utilisé pour estimer la récollection (R = « souvenir »). Par contre, comme les sujets ont pour instruction de répondre « savoir » quand un item est familier et non récollecté (« savoir » = F(1-R)), la probabilité qu’un item soit familier est alors égale à la probabilité que cet item reçoive une réponse « savoir » sans avoir été récollecté (F = « savoir » / (1-R)). Ainsi cette méthode postule que la récollection et la familiarité sont indépendantes comme dans la procédure de dissociation de processus. Les estimations qui découlent des ROCs sont proches, le plus souvent, de celles obtenues avec la procédure de dissociation des processus ou avec la procédure Remember/Know (Yonelinas, 2001a, 2001b).