4.2. La reconnaissance des visages

La reconnaissance des visages, familiers et non familiers, est très perturbée chez les schizophrènes (Archer, Hay, & Young, 1994 ; Baudouin et al., 2002 ; Berndl, von Cranach, & Grusser, 1986 ; Kring, Kerr, Smith, & Neale, 1993 ; Martin et al., 2005 ; Salem, Kring, & Kerr, 1996). Ils présentent d'ailleurs également de sérieuses difficultés dans le traitement des expressions faciales émotionnelles (Archer, Hay & Young, 1992 ; Baudouin et al., 2002 ; Cutting, 1981 ; Dougherty, Bartlett, & Izard, 1974 ; Habel et al., 2000 ; Martin et al., 2005 ; Salem et al, 1996 ; Shannon, 1971 ; Williams, Loughland, Gordon & Davidson, 1999). Des études ont également montré que ce déficit pouvait s’étendre à d’autres caractéristiques faciales (Archer et al., 1994 ; Franck et al., 2002 ; Hooker & Park, 2002 ; Kerr & Neale, 1993 ; Salem et al., 1996). Plus récemment, des études sur les saccades oculaires ont montré que les patients schizophrènes présentent un mouvement anormal des yeux lors de tâches d'identification d’émotions faciales (Streit, Wolwer, & Gaebel, 1997) et de tâches d'identification de visage (Williams et al., 1999). Le débat reste encore entier sur la nature exacte du déficit généralisé, que présentent les schizophrènes, dans le traitement de l’information faciale : s’agit-il, plus précisément, d’un déficit du traitement du contexte, du traitement du visage ou du traitement des stimuli émotionnels (Bryson, Bell, & Lysaker, 1997 ; Mandal, Pandey, & Prasad, 1998).

De toute façon, l'ensemble de ces données est en faveur de l'hypothèse selon laquelle le processus de récollection serait perturbé chez les patients schizophrènes. Mais cette conclusion a été atteinte essentiellement dans des tâches de mémoire verbale. Cela doit être d'autant plus souligné que la reconnaissance des visages, familiers et non familiers, est très perturbée chez les schizophrènes. De tels résultats nous conduisent ainsi à penser que l’étude des déficits mnésiques observés dans la schizophrénie à travers des manipulations à l’encodage et des manipulations contextuelles en reconnaissance faciale peut nous aider à mieux les comprendre. De plus l’utilisation du modèle DPSD (Yonelinas, 1994) peut permettre de dissocier l’effet de ces différents facteurs sur les processus de familiarité et de récollection.