5.3. Effet du niveau de profondeur

Cette expérience testera deux types d’encodage : un encodage superficiel (jugement de genre) et un encodage profond (jugement d’honnêteté), sur les reconnaissances ultérieures. Le but de la manipulation lors de la phase de test est de vérifier si un encodage profond entraîne une meilleure reconnaissance des visages et de leurs contextes chez les patients schizophrènes et si l’effet de l’encodage est de même ampleur que chez les sujets contrôles. En se basant sur l’ensemble de données disponibles, on pourrait conclure que les troubles de la mémoire observés dans la schizophrénie résultent d'un dysfonctionnement du processus d'encodage. Celui-ci pourrait être interprété comme une incapacité à réaliser un encodage profond de l'information à mémoriser. Mais cette conclusion est sans doute prématurée en raison de plusieurs difficultés méthodologiques qui limitent la portée de ces résultats. Il est en effet souvent difficile de dissocier le niveau de profondeur du traitement à l'encodage de la méthode d'encodage elle-même – mémorisation intentionnelle ou incidente, par exemple (Sporer, 1991). Le temps d'encodage n'est pas non plus indépendant de son niveau de profondeur et la séparabilité de l'effet de ces deux facteurs corrélés n'est pas simple : un jugement portant, à l'étude, sur un trait de personnalité demande, par exemple, plus de temps qu'un jugement portant sur un trait facial ou sur le genre (Bloom & Mudd, 1991 ; Coin & Tiberghien, 1997 ; Daw & Parkin, 1981). Enfin, cette méthodologie des niveaux de profondeur de traitement à l'encodage n'isole l'encodage que de façon apparente puisque c'est la performance en récupération qui est la mesure finale révélant l'effet du traitement à l'encodage. Cette circularité méthodologique exige donc la prise en compte simultanée des processus d'encodage et de récupération. De cette façon, il devrait être possible d'identifier plus précisément l'origine du dysfonctionnement mnésique qui caractérise la schizophrénie.

D’après certains auteurs (Yonelinas, 2002, p. 457 ; Toth, 1996), le niveau de profondeur de l'encodage semble agir dans des proportions voisines à la fois sur la récollection et sur la familiarité. On peut donc aussi s'attendre à ce que le niveau de profondeur de l'encodage agisse sur ces deux processus en reconnaissance de visage comme en reconnaissance de contexte et de la même façon pour les deux groupes de sujets.