6.3. Conclusion

6.3.1. Schizophrénie : Discriminabilité mnésique

L’examen de la discriminabilité en mémoire (Ag) montre clairement une différence d’efficacité mnésique entre les patients schizophrènes et les participants contrôles. La profondeur d’encodage à l’étude agit sur la mémoire, ainsi que la manipulation du contexte intrinsèque et le type de test de reconnaissance demandé. Le niveau de profondeur à l’encodage et le changement de contexte intrinsèque agissent de façon strictement indépendante puisque aucune interaction n'est significative : un encodage profond entraîne une meilleure discriminabilité en mémoire qu’un encodage superficiel et un contexte inchangé une meilleure discriminabilité en mémoire qu’un contexte modifié. Par contre une interaction entre la profondeur d’encodage et le type de test de reconnaissance est à noter. On observe, dans la reconnaissance de visages, une meilleure discriminabilité en mémoire que dans la reconnaissance d’expression et d’autant plus que l’encodage est profond. Enfin, l'absence d'interaction entre le facteur groupe et les trois autres facteurs expérimentaux montre que le niveau de profondeur de l'encodage, le changement de contexte intrinsèque et le type de test exercent un effet similaire sur les patients schizophrènes et sur les sujets contrôles.

Une première conclusion serait de dire que le déficit mnémonique des schizophrènes ne résulte pas d'un traitement qualitativement différent à l'étude en fonction des contraintes de l'encodage et de la variation du contexte intrinsèque. En effet, le niveau de profondeur du traitement (genre vs. honnêteté) modifie la reconnaissance de la même façon pour les deux groupes. S'il n'exerce pas d'effet en reconnaissance d’expression c'est aussi bien pour les patients schizophrènes que pour les participants contrôles. Le déficit mnémonique des schizophrènes ne résulte pas davantage d'un traitement différentiel de l'information contextuelle (expression) en reconnaissance. Si le traitement mnémonique des schizophrènes différait de celui des contrôles, on aurait nécessairement observé une interaction entre le facteur groupe et les facteurs qui exercent classiquement un effet mnémonique : la profondeur de l'encodage à l'étude, le contexte de récupération et le test de rétention. Or, aucune des interactions entre le facteur groupe et ces facteurs n'est significative. On peut donc en conclure que le facteur d'encodage manipulé à l'étude ainsi que la relation entre contexte d'étude et de reconnaissance n'exercent pas d'effet qualitativement différent sur les patients schizophrènes et sur les participants contrôles. La seule interaction significative observée est entre le niveau de profondeur de l'étude et le type de test : un jugement profond d'honnêteté favorise la reconnaissance ultérieure du visage cible, mais n'a pas d'effet sur la récupération de la source contextuelle expressive.