8.3. Conclusion

8.3.1. Reconnaissance de visage : contexte intrinsèque et contexte extrinsèque

Les résultats en reconnaissance de visage montrent tout d’abord que, la discriminabilité en mémoire (mesurée par Ag) est perturbée chez les schizophrènes. De plus, un traitement superficiel à l'encodage, comme un contexte modifié entre l'étude et le test, perturbe la discriminabilité mnésique. Le fait théoriquement important est évidemment qu'il n'y a pas d'interaction entre le facteur groupe et ces deux facteurs expérimentaux lorsque le contexte manipulé est intrinsèque. Dès lors que le contexte est extrinsèque, par contre, une interaction entre le groupe et le changement de contexte apparaît. En effet, les schizophrènes sont encore perturbés par une modification contextuelle extrinsèque alors que les participants contrôles ne le sont pas. Qu’en est-il des effets du changement de contexte sur les sous-processus mnésiques ?

La comparaison des ROCs permet d'apporter une réponse à cette question. Les sujets contrôles présentent des x-ROCs curvilinéaires et quasi symétriques et leurs z-ROCs sont linéaires, ce qui veut dire que, pour l'essentiel, c’est la familiarité qui détermine leurs réponses que le contexte soit modifié ou non et que le contexte manipulé soit intrinsèque ou extrinsèque. Une seule exception apparaît toutefois lorsque le contexte est extrinsèque et inchangé et que l’encodage a été superficiel, les contrôles se basent sur la familiarité, et de façon notable, sur la récollection. Le contraste est tout de même remarquable avec les patients schizophrènes : si le contexte (intrinsèque et extrinsèque) n'est pas modifié entre l'étude et la reconnaissance, leurs x-ROCs sont curvilinéaires et asymétriques et les z-ROCs correspondantes sont curvilinéaires en U. Cela montre donc que la reconnaissance des patients schizophrènes peut être déterminée ici soit par la seule familiarité globale du visage soit, et dans une proportion importante, par un processus plus complexe de récollection. Qui plus est, quand l'expression du visage ou l’arrière-plan est modifié entre l'étude et le test de reconnaissance, les x-ROCs des schizophrènes sont alors linéaires et les z-ROCs correspondantes sont curvilinéaires en U ; une condition toutefois (arrière-plan modifié et encodage profond) conduit à une reconnaissance basée non seulement sur la récollection mais également sur la familiarité. On peut donc en conclure que, dans cette condition, la reconnaissance des patients est pratiquement toujours fondée sur un processus de récollection et dans une condition sur la récollection et la familiarité.

Ainsi il y a non seulement une différence quantitative entre les patients et les contrôles mais aussi une différence qualitative de traitement : la performance des sujets normaux est contrôlée par la seule familiarité selon les prédictions de la TDS classique dans sept conditions expérimentales sur huit tandis que la performance des patients schizophrènes est contrôlée à la fois par la familiarité et la récollection.