3) Pourquoi la différence d'utilisation de la familiarité et de la récollection, entre les schizophrènes et les contrôles, s’atténue-t-elle en reconnaissance de contexte ?

Nous avons vu que les performances en reconnaissance de contexte sont inférieures à celles observées en reconnaissance de visage. Les schizophrènes ont une moins bonne discriminabilité en mémoire que les contrôles, mais cette différence s’atténue en reconnaissance de contexte extrinsèque. L'interprétation de ces données soulève au moins deux questions. Une première question est relative à la nature cognitive des processus impliqués dans cette situation de reconnaissance du contexte. Dans cette situation, le sujet « sait » que tous les visages sont anciens. Les sujets contrôles paraissent donc capables de dissocier la familiarité globale du visage de celle de l'expression et ne juger que la familiarité de cette dernière. Ils sont également capables de dissocier la familiarité globale du visage de celle de l’arrière-plan. Le processus sous-jacent à leur reconnaissance du contexte est fondamentalement le même que celui qui était mis en oeuvre dans la reconnaissance du visage. Mais pour quelle raison les patients schizophrènes mettent-ils systématiquement en oeuvre un processus de récollection en reconnaissance de visage et un processus de familiarité en reconnaissance d'expression ? Nous avions formulé précédemment l'hypothèse selon laquelle la difficulté des schizophrènes en reconnaissance de visage résultait d'un traitement analytique du visage provoquant un conflit entre des sources parcellaires et disjointes de familiarité. Mais, en reconnaissance de contexte, ce conflit s'atténue, voire disparaît, car le patient sait, par consigne, que tous les visages sont familiers. Plus favorable encore, pour lui, la tâche est analytique et avec une source de familiarité spécifique à évaluer, celle de l'expression. Dans ces conditions on peut comprendre que le déterminant de la performance du schizophrène soit, en reconnaissance de contexte, sous le contrôle du processus de familiarité alors que le processus de récollection était déterminant en reconnaissance de visage.