4) Pourquoi la nature de l’encodage influence-t-elle la reconnaissance du visage mais pas celle du contexte ?

Cette dernière question est soulevée par l'absence d'effet du niveau de profondeur du traitement à l'encodage sur la discriminabilité en mémoire (Ag) en reconnaissance de contexte. Cette observation contraste avec les données obtenues en reconnaissance du visage où l'on constatait que cette variable agissait sur la discriminabilité mnésique à la fois chez les schizophrènes et chez les normaux. Toutefois, chez les schizophrènes, cette variable pouvait affecter le processus de récollection et celui de familiarité et, chez les normaux, uniquement le processus de familiarité. R et F augmentent quand le niveau de profondeur du traitement augmente et diminuent quand le contexte intrinsèque ou extrinsèque est modifié entre l'étude et le test. Cela confirme d'ailleurs ce qui ressort d'une revue de la littérature réalisée par Yonelinas (2002, pp. 457-458 et pp. 462-463) : augmenter le niveau de profondeur de l'encodage a pour effet d'accroître la contribution de la récollection (dans une proportion moyenne de 30%) mais aussi, et plus faiblement, celle de la familiarité (dans une proportion moyenne de 20%). Les données recueillies ne permettent de répondre que d'une façon hypothétique à la question. Une explication séduisante serait de considérer que la représentation mnésique issue du jugement d'encodage (genre ou honnêteté) ne pourrait être associée qu'à la représentation globale du visage, critique en reconnaissance de visage, et non à une composante spécifique du visage comme l'expression ou, à plus forte raison encore, comme l’arrière-plan, critique en reconnaissance de contexte. Mais la raison la plus pertinente est peut-être que l’effet de profondeur de l’encodage nécessite, pour se manifester, un niveau de performances élevé (Yonelinas et al., 1998). D’ailleurs, lorsque le contexte est intrinsèque, les performances mesurées par Ag varient entre 0.63 et 0.65 pour les schizophrènes et entre 0.73 et 0.76 pour les contrôles avec des taux de fausses alarmes variant entre 0.22 et 0.25 pour les schizophrènes et entre 0.11 et 0.32 pour les contrôles. Lorsque le contexte est extrinsèque, les performances sont un peu moins élevées (entre 0.59 et 0.61 pour les schizophrènes et 0.68 et 0.70 pour les contrôles) mais, surtout les taux de fausses alarmes sont nettement plus élevés (entre 0.42 et 0.55 pour les schizophrènes et entre 0.35 et 0.49 pour les contrôles). Un autre résultat est d’ailleurs en faveur de cette hypothèse : on observe un effet de l’encodage sur le nombre d’omissions en reconnaissance de contexte mais uniquement lorsqu’il est intrinsèque (les participants font moins d’omissions lorsque l’encodage a été profond).