Conclusion : proposition de collaboration

Des l’analyse documentaire et le projet pilote, il nous est apparu que la démarche qui consiste à enregistrer la langue ou les traditions orales et musicales d’une culture ne peut se faire qu’avec la collaboration entière des dépositaires de ce savoir. Elle doit aussi se réaliser dans le respect scrupuleux des autorités nationales et locales. Le travail d'un chercheur ou d’un journaliste qui vient, réalise son travail de recherche ou son documentaire et disparaît pour faire carrière dans son pays sans rien produire en retour pour la communauté qui l’a accueilli est reconnu dans la plupart des cultures comme du vol de patrimoine.

Notre projet de travail local stipule donc la participation des autorités culturelles et éducatives locales car il vise à faciliter et promouvoir la documentation et l’éducation de leurs traditions orales, sous leur contrôle et avec leur participation. Voici le texte de la proposition que nous avons formulée lors d’un premier entretien dans chaque lieu, soit par écrit, soit par oral en fonction des exigences de nos interlocuteurs (villageois, chefs locaux, assemblées indigènes, universitaires pouvant nous renseigner sur un lieu ou nous introduire dans une communauté). Cette méthodologie a eu deux avantages : poser un cadre de travail commun montrant à nos interlocuteurs que nous étions en terrain connu et en même temps leur permettre de réaliser que nous n’étions pas potentiellement dangereux pour leurs activités.

  1. Explication du projet aux autorités nationales et/ou locales (obtention de l’autorisation si nécessaire)
  2. En collaboration avec les personnes maîtrisant les traditions orales des langues sifflées ou des musiques parlantes, nous réalisons dans un premier temps une enquête sur l’utilisation et la santé de chacune de ces formes de communication qui constituent une transcription sonore de la langue locale.
  3. L’enquête porte sur les 9 points mis en exergue à l’occasion de la première réunion du comité de l’Unesco sur les langues en danger le 12 mars 2003. Ces 9 points concernent principalement les domaines d’utilisation de la langue et ses modalités de transmission intergénérationnelle.
  4. Présentation aux personnes locales d’autres traditions orales similaires issues d’autres cultures.
  5. Participation aux activités qui impliquent l’usage de ces formes de langage avec l’autorisation et la collaboration des acteurs locaux.
  6. Sessions d’enregistrement Audio et Vidéo (parfois, en fonction des rencontres avec des associations culturelles disposant d’une video) dans les conditions naturelles d’usage.
  7. Traduction assistée dans la langue parlée locale et dans la langue officielle du pays des messages enregistrés. Explication du conte ou du mythe s’il est l’objet du message. Récit de l’origine de l’instrument ou de la technique concernée.
  8. Tests perceptifs audio avec des locuteurs de différents ages et différentes expertises dans ces traditions orales.
  9. Recherche de jeunes intéressés pour poursuivre ce travail avec l’assistance du réseau international (jeunes professeurs, musiciens ou étudiants issus de la communauté).
  10. Si les locuteurs le désirent, signature d’un document commun afin de spécifier que le doctorant ne fera pas un usage commercial des sons, des photos et des vidéos. Le doctorant s’engage aussi a faire parvenir une copie de ces documents à leur auteurs et a l’école locale (exemples de ces documents disponibles sur demande).
  11. Rapport au département du patrimoine immatériel de l’Humanité de l’Unesco, accompagné parfois d’une demande de soutien d’un projet local initié a cette occasion ( 2 cas pour l instant: l’un au Mexique et l’autre a Vanuatu ; deux autres en préparation : en Thaïlande et au Ghana).
  12. Rapport informel de travail sur le site internet http://www.lemondesiffle.free.fr
  13. De retour dans une ville ou chez quelqu’un ayant le matériel informatique adéquat : réalisation de copie, envoi des copies.
  14. Retour au laboratoire : numérisation, comparaison acoustique, linguistique et musicale avec les sons des autres cultures..
  15. Rédaction de dossiers auprès des organismes et des fondations qui soutiennent la documentation et la mise en valeur du patrimoine oral mondial menacé d’extinction. En particulier Fond International pour la Promotion de la Culture (FIPC).