Une différence par degrés

Ces manifestations témoignent d’une différence de degré de mélodicité et de rythmicité entre musique et langage qui correspondent aux observations des chercheurs s’étant intéressé au rythme et à la mélodie dans les deux domaines. Ainsi Dodane (2003, p.55) remarque : « Dans la musique et dans la langue, les sons qui composent la ligne mélodique entretiennent entre eux des rapports d’intervalles, c’est-à-dire une distance entre leurs hauteurs respectives. Cependant, c’est dans la transition entre les sons que réside « la » différence toujours invoquée entre la langue et la musique : en musique, le passage d’une note à une autre se fait de manière discontinue, alors que dans la langue, il se fait de manière progressive et continue, de telle manière que les hauteurs ne peuvent être clairement délimitées et isolées par l’oreille ». D’après Fonagy (1983, p 155) « c’est le degré de mélodicité plus ou moins élevé qui distingue les différents genres du discours : chant, récitatif, sermon, déclamation, discours politique, exposé, conversation »(Figure 117). Les musiques parlantes traditionnelles que nous avons rencontré se positionnent ainsi sur cette échelle de degré : les tambours servent pour les discours politiques, pour des déclamations ou pour des récitatifs ; les flûtes servent pour des chants ou des déclamations ; les guimbardes et l’orgue à bouche Akha pour des chants ou des récitatifs.

Figure 5 : Typologie des différents types de communication par Van Waesberghe (1957) citée par Dodane (2003), p. 55.
Figure 5 : Typologie des différents types de communication par Van Waesberghe (1957) citée par Dodane (2003), p. 55.