2. Sur les hauteurs

En comparaison du Soleil des eaux, Sur les hauteurs est une œuvre de dégagement : dégagement hors des contraintes de l’histoire et des impératifs politiques. Le film a l’apparence d’un conte, dans lequel le merveilleux libérerait le désir et le rêve de l’exigence, formulée dans Le Soleil des eaux, d’être « accordé à l’histoire ». Le titre Sur les hauteurs suggère dès le début le mouvement de rupture, de détachement et d’élan qui donne au film sa ligne directrice. Un désir de légèreté soutient cette ascension le long du « versant tempéré » de l’œuvre : comme en avertit une phrase liminaire, Sur les hauteurs est « un nid suspendu dans l’été. Pas autre chose ». Mais peut-être, à l’instar des Matinaux avec lequel Sur les hauteurs fait entendre de nombreux échos, ce versant tempéré a-t-il à voir avec les remises en cause et renouvellements de l’après-guerre. Les présentations du film, insistant sur sa légèreté, rejettent par avance le poids des interprétations qui le chargeraient de significations excessives. Sans accorder à ce dégagement plus de sens que n’y invite le plaisir insouciant dont il se réclame, on peut néanmoins, en tenant compte de la situation de cette œuvre dans la production de Char à cette époque, y discerner un certain nombre d’évolutions du rapport de l’écriture à la question de l’histoire.