1.2.3 La libéralisation du marché du mobile : premier palier vers le développement

Suite à la libéralisation du marché du mobile, trois opérateurs Libretis, Celtel et Telecel se partagent le marché du mobile au Gabon.

Ainsi la répartition de part de marché est évaluée comme suit : 46,5% pour Libretis (le leader), 43,7% pour Celtel (le challenger), et Telecel est en queue de peloton avec seulement 9,80% de part de marché.

Le marché étant ainsi conquis s’acheter un téléphone mobile aujourd’hui au Gabon devient, plus qu’une mode, une véritable obsession. À défaut d’avoir les moyens de s’en procurer, le téléphone portable devient le cadeau de premier choix que l’on souhaite à l’occasion de son anniversaire.

C’est encore lui, le présent que l'on suggère à son amoureux 116 lorsque celui-ci envisage de mettre du piment dans la relation. Mais le téléphone portable est aussi et surtout le souvenir que l’on sollicite d’un proche parti à la conquête de l’Occident. Il y a donc manifestement en Afrique un besoin de modernité. Car nous ne saurons expliquer autrement cette frénésie pour le portable que par le désir qu’ont désormais les populations du Sud de se servir des moyens de communication modernes. Fort de l’idée que les Africains 117 se font de l’Occident : celui d’un univers où il fait bon vivre. Et où tout est accessible et moins cher (Cf. le mythe de l’occident § 2.3 p.196). Alors, sous l’effet de la fièvre du mobile, le téléphone portable en devient la commande numéro un auprès de ceux qui s’y aventurent.

Cela étant, une réflexion un peu plus approfondie sur cet engouement pour le mobile en Afrique a tout le lieu d’être menée. Car de nombreux acteurs économiques s’interrogent sur la portée de ce phénomène. Et ainsi se demandent-ils si cette « fougue du portable» peut avoir une contribution au développement. Nous nous engageons donc ici, à esquisser une théorie économique du téléphone mobile. Théorie qui aura pour objectif de faire ressortir la contribution économique du téléphone mobile dans une perspective de développement.

Pour ainsi dire, la libéralisation du secteur des télécommunications en Afrique a marqué la volonté d’ouverture des pays africains sur le reste du monde. Longtemps fermée sur elle-même faute de moyens de communications fiables, cette ouverture se traduit aujourd’hui par l’avance qu’a pris le mobile sur le fixe.

Tableau n° 3 : Le mobile dépasse le fixe en Afrique
Tableau n° 3 : Le mobile dépasse le fixe en Afrique

Sources : UIT/Alcatel/J.A.I, Hors série, n° 6, mai 2004, p. 113.

Disons-le, l’intérêt de faire le lien entre les NTIC et le développement repose sur le fait que cette expression (NTIC), est une composante majeure de l’industrie. En ce sens qu’elle regroupe l’ensemble des procédés et des méthodes touchant à l’informatique, aux télécommunications, à l’audiovisuel et au multimédias.

Elles ont l’avantage d’ouvrir les pays qui les ont adoptées au marché mondial. Le continent africain n’ayant pas connu le développement industriel de type occidental, il n’en demeure pas moins que la perspective change depuis le début des années 1990 avec l’introduction de la problématique du développement de l’Afrique par l’Internet dans un contexte de mondialisation marqué par l’émergence des systèmes de communication ainsi que les nombreuses restructurations y afférentes.

Au regard de ce qui précède, même s'il ne concourt pas directement au développement comme on aurait souhaité le voir, le téléphone mobile laisse entrevoir quelques signes (économiques) positifs consécutifs à son grand attrait en Afrique.

En guise d'illustration il convient d'abord de faire remarquer qu'au niveau planétaire, le mobile est devenu un mini-secteur à part entière : le montant des recettes générées par le service mobile s’est élevé à environ 155 milliards de dollars en 1998 118 , et selon les tendances actuelles, il devrait dépasser le montant total des recettes générées par le service téléphonique fixe dans le monde (international et national).

Et au niveau continental ensuite, comme le montre le graphique (p.82), l’expansion de la téléphonie cellulaire a considérablement modifié le paysage des télécommunications en Afrique. Pour le cas du Gabon, en ouvrant le secteur des télécommunications à la concurrence, les autorités visaient un double objectif : premièrement faire de leur pays la colonne vertébrale des télécommunications dans la sous-région Afrique centrale, et en même temps (deuxièmement) le placer sur « la voie de la modernité ».

Dans la quête de cette double stratégie, les autorités de Libreville faisaient reposer leur espoir sur les opérateurs de téléphonie. Par l’attribution des licences d’exploitation à des opérateurs privés, il s’agissait pour les dirigeants gabonais de mettre en œuvre une stratégie de « développement économique et social du pays centrée notamment sur le désenclavement de ses régions les plus reculées ; l’accès du plus grand nombre de Gabonais à la téléphonie mobile, sans oublier la création d’emplois nouveaux et de richesses pour l’économie nationale 119 ».

À ce jour, on ne peut pas ignorer le rôle joué par les sociétés privées de téléphonie mobile au premier rang desquelles se trouve Celtel. Filiale de la multinationale hollandaise Celtel International, cette société s'est déployée à travers le pays et couvre déjà une cinquantaine localités 120 (Cf. carte infra).

Carte N° 1 : Configuration du réseau Celtel Gabon
Carte N° 1 : Configuration du réseau Celtel Gabon Source : http://www.ga.celtel.com/fr/get-connected/coverage/index.html (année 2004).

Autre preuve de la contribution du secteur du mobile à l'économie gabonaise : il contribue à créer des emplois. Libertis 122 emploie à peu près 130 personnes. Depuis le lancement de ses activités commerciales en juin 2000 Celtel 123 a créé au Gabon «plus 260 emplois directs dont 91 % réservés à des Gabonais parmi lesquels compte 75 femmes et environ 5300 emplois indirects 124 dans les 50 villes qui reçoivent son signal».

Ces salariés sont repartis dans trois services : le service technique, pour la mise en place des installations ainsi que pour leur maintenance. Les ressources humaines, chargées du recrutement et de la formation des salariés. Et le service juridique qui se penche sur les cas de litiges. Telecel S.A 125 avec un capital de 6.000.000.000 Fcfa (9. 146.941,03 euros), est le troisième opérateur de la téléphonie mobile au Gabon. Celui-ci comptait en août 2004 90 salariés répartis dans trois secteurs : la direction technique, le département commercial, la direction administrative et la direction financière.

Lorsqu’on s’interroge sur «les mobiles du développement», il faut surtout relever que dans les pays pauvres, le téléphone mobile est utilisé pour installer rapidement une infrastructure de télécommunication qui fait cruellement défaut. Le «backbone 126 » construit au Gabon par Celtel s’affirme comme la colonne vertébrale du développement des télécommunications dans ce pays. Pas seulement pour son maître d’œuvre, mais aussi pour les autres opérateurs de la téléphonie dans le pays.

L’un de ces opérateurs, (Telecel), utilise le «backbone» pour couvrir les villes d’Oyem et Bitam dans le Nord du pays. Gabon Télécom, opérateur du réseau fixe, et sa filiale, Libertis, l’ont également sollicité. Le principal avantage du «backbone» pour Celtel Gabon nous a dit Nadine Moutouboulou 127 , est de lui permettre de devenir le premier opérateur national et de fournir une bonne couverture sur l’ensemble du territoire.

Les grandes sociétés nationales gabonaises et les filiales de groupes internationaux installées dans ce pays vont sans doute se tourner vers Celtel et son «backbone» pour avoir plus d’efficacité dans leurs communications.

Ce «backbone 128  » construit entre novembre 2001 et mars 2002, pour un investissement de 8,5 millions de dollars, couvre selon les responsables de cette société, 1.300 kms de route à travers le Gabon, correspondant à 850 kms à vol d’oiseau.

Le chantier a mobilisé cinq cents employés pendant un an. Concourant efficacement à la mise en place d’infrastructures : réseaux, bâtiments, équipements. S’il y a un aspect du développement du téléphone mobile dont la contribution présente déjà des signes positifs allant dans le sens du développement du Gabon et de l’Afrique, c’est la libéralisation du marché des télécommunications. Nous l’avons vu, trois sociétés de téléphonie mobile exercent aujourd’hui au Gabon.

La conséquence immédiate d’un marché libéralisé étant la concurrence, Libertis, Celtel et Telecel qui opèrent dans le même secteur : la téléphonie mobile, ces opérateurs se font une âpre concurrence. Cette concurrence a déjà conduit à une amélioration substantielle de la qualité des services offerts 129 .

On voit donc là l'un des avantages imputables à la privatisation des télécommunications en Afrique. Si l'on étudie la question à l'échelle continentale, l’installation d’Ikatel 130 au Mali est aussi un bel exemple du succès de la libéralisation des télécommunications. Créée le 21 février 2003, Ikatel profite aux populations (200.000 abonnés 131 au bout d’un an d’exercice) par la diversification de l’offre et l’amélioration de la qualité de service, observent les experts.

Suite à la libéralisation du marché des télécommunications, un fort intérêt se manifeste aujourd’hui autour de ce secteur. Estimé à 360. 000 abonnés en 2003, le nombre d’abonnés sur l'ensemble des trois réseaux de téléphonie mobile est aujourd’hui à 415.000. Soit un taux de pénétration d’environ 34% alors que la moyenne de la région se situe entre 10% et 15% 132 le secteur du mobile présente de fortes perspectives de croissance. Tout le monde ou presque choisit désormais d’y investir, à défaut de se lancer dans les activités connexes.

Assurément, l’activité à la mode aujourd’hui en Afrique devient l'ouverture des cybercentres, "points phones" encore appelés télé boutiques. Le CD-Rom illustratif de ces travaux en annexe de cette thèse le montre bien, la commercialisation des cartes téléphoniques prépayées ainsi que les biens et services dérivés aux télécommunications deviennent le principal gagne pain de ceux qui s’y adonnent. Ce choix d'investissement n’est donc pas le fait d’un hasard. Si tout le monde ou presque souhaite mettre en service un point phone ou un cybercentre, c’est parce que, nous a dit l’un de ces entrepreneurs, sujet gabonais 133 , cet investissement rapporte à ses initiateurs de gros bénéfices 134 .

Certains estiment le bénéfice mensuel des centres de communication à environ 1.538,46 euros mensuel, dont la moitié (769,23) est systématiquement versée à Gabon Télécom chez qui tous les compteurs d’appels sont connectés.

Avec la recrudescence de ces points phones, Gabon Télécom tire profit en vendant notamment ses services. Par exemple pour mettre en service un point phone, les initiateurs ont l’obligation de verser une caution de 6.204,61 euros, soit 4 millions 33.000 Fcfa à Gabon Télécom, en dehors de la patente qui est versée au Trésor public.

Mais Gabon Télécom profite aussi du matériel et d’instruments d’installation qu’il met en location auprès des gérants des point-phones. C’est le cas des compteurs d’appels, des combinés téléphoniques dont le montant de la location mensuelle à l’unité s’élève à 1,38 euros. Mais il n’y a pas que cela. Grâce à l’ouverture du marché des télécommunications, et à cause de la concurrence qui s’y exerce, chacun des opérateurs voudrait être le leader du marché ; et pour cela il faut investir. Dans cette guerre du marché, les performances de Celtel qui passe pour devenir l'opérateur le plus attractif du marché avec ses 22.748 abonnés 135 sont le fruit d'importants investissements. Pour la seule année 2004, 16 milliards de francs Cfa (24. 391. 482,76 euros) ont été investis pour l'extension de son réseau et la modernisation de ses équipements. Au titre de l'année 2005, Celtel prévoit un programme d'investissement de 11 milliards de francs Cfa (16.769. 391,9 euros). Au total, depuis le démarrage de leurs opérations en juin 2000, les dirigeants de Celtel déclarent avoir injecté (en termes de dépenses pour investissement), près de 37 milliards de Fcfa (56.406.136,38 euros) dans l'achat d'équipements, la modernisation, et l'extension du réseau intérieur du pays 136 .

Eu égard à tout cela nous sommes tentés d’affirmer que l’ouverture à la concurrence a des effets d’entraînement qui ont des effets positifs. Un secteur comme celui de la publicité qui jadis était quasi inexistant, est en train de trouver sa place dans le paysage socio-économique gabonais. Peut être convient-il de souligner qu’une taxe municipale publicitaire d’un montant 110,76 euros est à verser par toute personne mettant en service un point phone.

De même, comme dans toutes les villes modernes, des panneaux publicitaires sont désormais implantés dans tous les carrefours de Libreville ainsi que les intersections des grandes artères des villes. Preuve de la prise de conscience de la nécessité de la publicité, nous constatons un peu partout une floraison des enseignes publicitaires de chacun des opérateurs de la téléphonie mobile au Gabon.

C’est par exemple, grâce aux panneaux publicitaires faisant la promotion d’un des opérateurs de téléphonie mobile le plus en vue sur le marché gabonais, Celtel, que certains noms de quartiers de Libreville ont été réhabilités 137 . Cette initiative, bien que relevant d'une stratégie marketing qu'on pourrait qualifier de campagne publicitaire est à notre avis, un signe de progrès. Nous y voyons un progrès dans la mesure où Libreville souffre d'un manque flagrant de plan d’urbanisation.

Avant la mise en place de ces enseignes un visiteur de passage pouvait se rendre d'un quartier à un autre, aller d'un arrondissement à un autre sans s'en rendre compte. Cela dit, ces panneaux joliment conçus permettent aux citadins ainsi qu'aux touristes de s'orienter géographiquement. Celtel supplée donc d’une certaine manière les services municipaux qui sont normalement chargés de circonscrire, d’attribuer des noms aux rues, et d’entretenir la signalisation.

Hormis les panneaux publicitaires qui n’ont qu’un côté esthétique (du fait qu’ils apportent une embellie au paysage urbain), il convient surtout de noter une certaine évolution des mentalités dans les prestations offertes à la clientèle. La concurrence à laquelle se livrent les opérateurs de la téléphonie mobile au Gabon a conduit notamment à une amélioration – substantielle – de la qualité des services 138 . Chaque opérateur voudrait donc tirer son épingle du jeu en misant sur la qualité des services offerts.

Reconnaissons-le, chez ces différents opérateurs l’accueil est soigné et la clientèle a désormais des interlocuteurs attentionnés. Contrairement à ce qui se passe dans les services publics où, nous le verrons plus loin, l’accueil et le renseignement à la clientèle laissent à désirer.

La qualité des services aujourd’hui offerts par ces nouvelles structures (Libertis, Celtel et Telecel) donnent une autre vision du service au public. Dans ces sociétés de téléphonie qui misent sur un dynamisme sur le plan marketing et la qualité des services offerts, la politique commerciale est appliquée à la lettre. Grâce à des hôtesses d’accueil courtoises et ayant réponses à tout ; et des standards d’une disponibilité remarquable, le client devient – enfin – roi en Afrique. Stéphane, agent au service commercial de Celtel Gabon nous disait : «on commence à comprendre ce qu’est véritablement un client 139 ». Grâce à cette opération de charme, nous sommes en droit d’affirmer que ces nouvelles entreprises sont en train de donner une grande leçon de marketing commercial aux structures existantes.

Ainsi, ce qu’en situation de monopole, l’OPT n’a pas su offrir à sa clientèle parce que seul maître à bord, les nouveaux opérateurs de téléphonie sont en train de le faire grâce à la concurrence. Ces faits que nous venons d’évoquer : un accueil de qualité, un service à la clientèle appréciable, etc. peuvent paraître banals.

Mais dans un environnement où, à quelque chose près, le client passait pour un nécessiteux, cette nouvelle donne dans la gestion de la clientèle n’est pas loin de constituer une révolution comportementale.

La conséquence directe de ce qui apparaît comme une politique commerciale étant l’incitation à la consommation, les tableaux ci-contre illustrant le contexte chez les trois opérateurs gabonais le montrent bien, le nombre d’abonnés au mobile croît chaque année. Libertis, leader du marché illustré en premier, depuis le lancement ses activités commerciales en 2000, cet opérateur voit le nombre de ses abonnés évoluer de façon très croissante.

Tableau n° 4 : Évolution du nombre d'abonnés chez Libertis
Tableau n° 4 : Évolution du nombre d'abonnés chez Libertis Données recueillies auprès de l’opérateur lui-même en avril 2005.

Chez son concurrent immédiat Celtel, la situation est quasiment la même, nous l’avons vu carte p.84, Celtel qui couvre plus de 40 localités au Gabon, celui-ci voit le nombre de ses abonnés croître sans cesse. Rien que pour ces deux dernières années, le nombre de ses clients a évolué de façon fulgurante passant de 43.000 en 2001 à plus de 22.748 abonnés en fin 2004 141 . Celtel Gabon totalisait au 22 août 2005 250.000 abonnés 142 .

Tableau n° 5 : Évolution du nombre d'abonnés chez Celtel
Tableau n° 5 : Évolution du nombre d'abonnés chez Celtel

Telecel, le dernier de la classe, se maintient tout de même sur ce marché fortement concurrentiel, bien que connaissant une évolution à dents de scie.

Tableau n° 6 : Évolution du nombre d'abonnés chez Libertis
Tableau n° 6 : Évolution du nombre d'abonnés chez Libertis

Á la lumière de ces illustrations apparaît le constat d’une croissance quasi continue du nombre d’abonnés au téléphone mobile. Cela étant le téléphone mobile est en droit d’être considéré comme un outil contribuant au dynamisme économique. Nous voyons encore la contribution du téléphone mobile au développement sous d’autres aspects dont voici quelques-uns de plus.

Commençons d’abord par l’appareil téléphonique lui-même. En effet, l’achat et la vente de l’appareil qui remplace le combiné traditionnel qui sert de téléphone pour le mobile reste avant tout, un produit commercial. En tant que bien de consommation, bien qu’importé, une forte activité commerciale nous le verrons dans la troisième partie (cf. p. 300, tableau des prix de portables), gravite autour de ce produit.

Avec plus 415.000 téléphones mobiles aujourd’hui en circulation au Gabon, il est à considérer que la consommation dont fait l’objet ce produit ces dernières années en Afrique, apportera – à long terme – une embellie économique aux pays concernés.

Pour le cas du Gabon la consommation du téléphone mobile avec la vente de cartes de prépaiement, les services aux clients, etc. constituent des sources de revenus pour les opérateurs notamment. La carte la moins cher chez Libertis est à 7,70 euros soit un bénéfice de 0,61 euros l’unité pour le revendeur détaillant et 3,07 euros chez Celtel. Soit un gain de 0,01 euros au détaillant et 0,23 euros chez Telecel. Illustrons ci-dessous les différents services vendus par les trois opérateurs de téléphonie au Gabon.

Libertis dispose de deux gammes de service : pré-paiement et post paiement. Dans les services pré-paiement il y a 2 (deux) catégories : les services payants et les services gratuits.

Les services gratuits Les services payants
Double appel La consultation de la boîte vocale à distance 180 FCFA soit 0,27 cents d’euros
La consultation de la boîte vocale Le Clip and Clir (15.000 Fcfa 22,87 E
Le changement du titulaire Le changement de SIM (minimum 2.000 FCFA 3,05 €
Le rechargement du compte par SMS La messagerie écrite de Libertis à Libertis (50 FCFA soit 0,08 €)
Coût de la messagerie écrite à l’international (100 FCFA soit 0,15 €)
La consultation du compte par SMS Coût du changement de numéro d’appel (10 000 FCFA soit 15,24 €)
La suspension de ligne Coût de la demande de l’historique des appels (2000 FCFA soit 3,05 € )
L’attribution de la boîte vocale La reconstruction de la boîte vocale (5 000 FCFA soit 7,62 €)
Le renvoi d’appel La levée de suspension (2 000 FCFA 3,05 €)
La création de la 1ere liste des numéros préférés (1) Changement de numéro préféré (500 FCFA soit 0,76 €)

Le tableau ci-dessous présente les différents prix de cartes de recharge chez Celtel ainsi que la durée de leur validité.

Tableau n° 8 : Les cartes de recharge et les délais de validité
Carte de 5000FCFA soit 7.62 € 15 jours
Carte de 10000FCFA soit 15.24 € 30 jours
Carte de 30000FCFA soit 45.74 € 90 jours
Carte de 60000FCFA soit 91.47 € 200 jours

NB : passé ce délai, l’abonné dispose de 59 jours pour recharger son compte. Dans le cas contraire, il sera déconnecté et devra payer 10000FCfa (15.24€) pour remettre sa ligne en service. Après une période de 90 jours sans recharger, la ligne est définitivement perdue et attribuée à un autre client.

Telecel en tant qu’opérateur a aussi ses services qu’il vend à sa clientèle.

Tableau n° 9 : Les services chez TELECEL
Les services payants chez Telecel Les prix en Francs CFA/FF /€
Frais de mise en service 15000FCFA, 150FF soit 22,87 €
Telecel vers Telecel (communication) 95FCFA 0,14 € /30 sec ou 45FCFA/sec
Telecel vers autres opérateurs (fixe+GSM) 145FCFA/30sec ou 95FCFA/30sec
Info crédit 100FCFA 0,15 €/appel soit 1FF
Liste rouge (pas de présentation du numéro) 15.000FCFA soit 150FF 22,87 €
Changement de type d’abonnement 10.000FCFA soit 15.24 €
Remplacement de la carte Sim 10.000FCFA soit 15.24 €
Suspension sur demande et remise en service 10.000FCFA soit 15.24 €
Suspension par Telecel et remise en service 10.000FCFA soit 15.24 €
Changement du numéro d’appel 25.000FCFA soit 38, 11 €
Appels internationaux Les prix par minute varient en fonction de la zone. De 1.450FCFA ( 2,21€) à 7.600 FCfa 12 €.

Mais l’embellie économique proviendra aussi des emplois créés : gérants de cybercentres et point-phones, moniteurs dans les cyberespaces, etc. Ainsi donc, l’envolée pris par la consommation de ces appareils peut être considérée comme une source d’enrichissement, pour les distributeurs et vendeurs africains. Nous voyons donc à travers ce commerce, un aspect positif, parmi d’autres, imputables au mobile qui soit susceptible de concourir au développement.

Pour conforter cet argument d’un marché du mobile africain porteur (car tout le monde 143 semble trouver son compte), nous allons faire allusion à la marque. En effet, la panoplie des marques d'appareils rencontrée sur le marché local : Samsung, Motorola, Siemens, etc. ainsi que les incessantes innovations : camera incorporée, possibilité de prendre des photos numériques à partir de son téléphone portable, etc. en termes de «design», sont autant de preuves d'un marché en pleine expansion.

L’IUT 144 souligne d’ailleurs à cet effet que sans les recettes provenant du mobile, le secteur des télécommunications serait en régression et non en progression.

Ensuite, et ce sera notre second point, la floraison des commerces : multiplication de points de vente de cartes de recharges à la sauvette comme chez des particuliers, les cybercentres, la multitude de boutiques qui vendent les téléphones mobiles ainsi que leurs accessoires.

Le nombre impressionnant de réparateurs de téléphones mobiles et des techniciens déverrouilleurs 145 de téléphone, etc., sont autant d’activités dérivant directement du téléphone mobile qui nous conduisent à considérer que cette technologie est déjà à l’origine d’un certain mouvement économique.

Mouvement qui peut se solder à terme par un dynamisme économique. Tant, la réalité est là, ces produits dérivés du mobile : housses de téléphones, cartes SIM 146 , cartes de recharge, kit mains libres sont autant de biens qui sont entrés dans les usages et dont la consommation fait l’objet d’une grande appropriation au même titre que les vêtements. Tous ces facteurs constituent à notre avis, des signes extérieurs d’un secteur en plein essor en Afrique.

Dans un tel contexte économique qui peut, sans exagération, être considéré comme prometteur, il ne serait sans doute pas excessif d’en déduire que si le marché du mobile explose, les firmes qui y travaillent font des bénéfices conséquents 147 .

Deux chiffres suffisent pour l'attester 148 : les cinq principaux opérateurs de télécommunications enregistrent des bénéfices allant de 10,6% et 16,6% du chiffre d'affaires pour les Sud-Africains Vodacom et MTN, le français Orange, l'Égyptien Orascom et le néerlandais Celtel. De ces chiffres à faire pâlir d'envie, il y a tout le lieu de parler de la «mobile économie» même si les firmes internationales se taillent la plus grosse part du lion.

Tableau n° 10 : Résultats 2003 de Libertis en milliards de Fcfa
  2003 2002 Variation
Chiffre d'affaires 22 19 16%
EBITDA 9 4 115%
Endettement net* 18% 31% - 41%

*En % des capitaux propres.

Depuis 1999, le chiffre d'affaires de Libertis a connu une croissance soutenue. L'EBITDA 150 a atteint 9 milliards de Fcfa (13.720. 411,55 euros) en 2003, soit une progression de 115%. L'entreprise est sous-endettée, le poids de l'endettement sur les capitaux propres est en baisse.

Même chose pour son challenger Cetel 151 qui a doublé sa clientèle africaine en téléphonie mobile au premier semestre 2004 et dont les revenus ont atteint 297 millions de dollars US alors qu'ils étaient au premier semestre 2003 de 202 millions. L'entreprise a connu une augmentation de 47%. Le chiffre d’affaires Télécommunications de Gabon Télécom était en 2001 de 1.443.020 76,2 euros. Il en va donc de même pour les importateurs et revendeurs africains.

Les bénéfices inhérents au commerce du mobile qui peuvent conduire au développement du continent proviennent d’abord du fait que ce marché qui, nous l’avons vu, est florissant, re-dynamise le secteur douanier.

En outre, les espèces de PME 152 qui ne disent pas leurs noms, même si elles ne respectent pas toujours la réglementation 153 (c’est-à-dire être en conformité avec la législation et les normes commerciales des pays dans lesquels s’implantent), apportent de par l’activité qu’elles génèrent, (bénéfices inhérents à la vente de cartes de prépaiement, salaires versés aux gérants et moniteurs de cyberscentres), un regain d’activité aux économies des pays concernés.

Le commerce des biens et services liés aux NTIC, est assurément, à l’origine d’une importante activité économique en Afrique. Nous le verrons plus en détail par la suite. Rien qu’à considérer l’important flux des produits que les revendeurs importent d’Asie (Dubaï), d’Afrique du sud et d’Europe, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’activité dans le secteur imports-exports a, par l’entremise des services de douanes, avec les taxes et autres impositions auxquelles doivent s’acquitter les commerçants, retrouvé un certain dynamisme.

Au Gabon, la Direction Générale de l’Économie (DGE), affichait un certain optimisme en reconnaissant 154 lors d’une séance de travail de juin 2001 une hausse de l’activité au niveau du transport « auxiliaires et télécommunications».

Plus de 8 milliards 155 de Fcfa soit 12.195.921,38 (euros) ont été versés par les trois opérateurs entre 2000 et 2002 en droits de douane. Une forte contribution du secteur de la téléphonie mobile à l’économie gabonaise est aussi à voir sur le plan de l’imposition. Les 3 opérateurs de la téléphonie mobile ont versé plus de 3 milliards de Fcfa 4.573 470,52 (euros) au Trésor Public ces deux dernières années au titre de l’impôt sur les sociétés (IS).

Mais les effets positifs du téléphone mobile sont loin de se limiter à son aspect commercial. Car le développement de ce moyen de communication en Afrique conduit aussi, nous allons le voir dans le paragraphe qui suit, à une réappropriation des «petits métiers».

Notes
116.

Dans les relations amoureuses en Afrique, la plupart des cas c’est à l’homme qu'incombe le devoir d'offrir des cadeaux à la femme.

117.

Ce propos pourrait se généraliser à l’ensemble des Africains, mais il s’agit ici surtout de ceux qui n’y sont jamais allés. Quoique…

118.

http://www.itu.int/ITU-D/ict/publications/wtdr_99/French/page21-fr.html. Les chiffres récents n’étant pas disponibles « stratégiques » pour les opérateurs de la téléphonie mobile.

119.

« Celtel au service du développement du Gabon ; » in "l'Union" n° 8734 du 7 février 2005.

120.

Estuaire (Libreville, Kango, Ntoum, Cap Estérias, Cocobeach, Nkoltang, Kougouleu), Ogooué Maritime (Port-gentil, Gamba, Omboué), Moyen Ogooué (Lambaréné, Bifoun, N'djolé), Woleu Ntem (Oyem, Bitam, Mitzic, Meyo-kyé, Minvoul), Ogooué Lolo (Koulamoutou, Lastourville), Haut-Ogooué (Franceville, Moanda, Mounana, Bakoumba, Bongoville, Léconi, Kéllé), Ogooué Ivindo (La Lopé, Makokou, Booué), N'gounié (Mouila, Ndéndé, Lébamba, Fougamou, Mandji, Mbigou, Mimongo), Nyanga (Tchibanga, Mabanda, Moabi, Mayumba).

121.

Source : http://www.ga.celtel.com/fr/get-connected/coverage/index.html (année 2004).

122.

Opérateur de la téléphonie mobile au Gabon, filiale à 100% de Gabon Télécoms.

123.

Celtel Gabon, opérateur de téléphonie mobile, filiale à 100% de MSI Cellular Investments (Pays Bas).

124.

Chiffres 2004 de Celtel, in l’Union n° 8734 p. 4 du 02 février 2005.

125.

Opérateur de téléphonie mobile qui appartenait pour 80% au groupe égyptien Orsacom par la suite racheté par le groupe Ivoirien Atlantic Télécom.

126.

Voir sur ce point, http://www.allAfrica.com

127.

Cadre au service technique chez Celtel Gabon, rencontrée à Libreville en juillet 2003.

128.

Il repose sur dix-neuf tours de structure autoportante lourde, dont six culminent à 120 m. D’une hauteur cumulée de 1.645 m, il a nécessité, pour sa construction, 9.00 tonnes d’acier, 3.500 tonnes de béton armé, 11.200 m de câble de terre, de câble radio et « feeder ».

129.

On pouvait lire à ce sujet sur http:// www.gabonflash.com le 24 avril 2004, «La concurrence créant un environnement dynamique, les opérateurs affirment qu'ils s'emploient à satisfaire les usagers en mettant à leur disposition des services fiables répondant à leurs attentes».

130.

Nouvel (21 février 2003) opérateur privé de télécommunications au Mali. Disposant d’une licence d’établissement et d’exploitation du téléphone mobile, du téléphone fixe, des liaisons Internet, Ikatel qui signifie en langue Bamanan « ton téléphone » emploie déjà 1000 personnes.

131.

Son réseau dessert désormais (au 7 avril 2004) les capitales régionales et les principales localités du Mali : Bamako, Kayes, Koulikoro et Kayes-Yélimané. Voir : http://www.amadoo.com/article.php.

132.

« Gabon, demain mode d'emploi », in Ecofinance n° 44, juin 2004, p. 97.

133.

Propriétaire d'un point phone au quartier Beau-séjour rencontré en juillet 2003 pendant notre terrain.

134.

Les données chiffrées, surtout lorsqu’il s’agit des gains (salaires, bénéfices) sont généralement tenues secret. Pour cela, nous n’avons malheureusement pas pu disposer de certains chiffres des entreprises.

135.

Au 31 janvier 2004 selon le Quotidien national gabonais (l'Union) n° 8734 du 7 février 2005.

136.

Idem, sources concomitantes Celtel/journal l’Union, op. cit.

137.

Lorsqu’on franchit l’artère de chaque quartier, arrondissement, et même certaines petites villes comme Oyane dans l’Estuaire du Komo non loin de Libreville, le voyageur peut voir un panneau interurbain portant le slogan de Celtel « A vous la parole » accommodé pour la circonstance : « Oyane à vous la parole ».

138.

Le nouveau slogan du premier opérateur privé, Celtel, n’est d’ailleurs pas «La vie en mieux » ? 

139.

Sous-entendu, il faut bien traiter le client afin qu’il n’aille pas chez le concurrent.

140.

Données recueillies auprès de l’opérateur lui-même en avril 2005.

141.

In Celtel dans le journal l’Union n° 8734, p.4 du 7 février 2005.

142.

http://www.jeuneafrique.com/pays/gabon/gabarit_art_afp.asp?art_cle=PAN50025celtesnnoba0#

143.

Producteurs et certes dans une moindre mesure, les importateurs.

144.

« World Telecommunication Development Report 1999 » : Mobile Cellular – Résumé – page 21.

145.

Il est indispensable de déverrouiller l’appareil pour pouvoir changer de carte SIM à sa convenance. Le prix à payer pour déverrouiller son téléphone va au-delà de 25 000 Cfa, un peu plus de 38 euros ! Véritable business !

146.

« Subscriber Identity Module» carte à puce à microprocesseur qui s’insère dans le terminal tenant lieu de ligne téléphonique.

147.

On pouvait lire à ce propos in "Gabon flash" (http://www.gabonflash.modules.php?name=News&file=print&sid=206). La téléphonie mobile est un secteur à forte valeur de croissance. L'année 2003 a été une année charnière pour le GSM au Gabon. En effet, malgré la récession économique, le pays a connu une évolution significative du parc d'abonnés du mobile (…).

148.

In http://www.lintelligent.com/gabarits/articleJAI_online.asp?art_cle=LIN10104/redeeimono0

149.

In, «Gabon demain mode d'emploi», Le magazine des économies émergentes, n° 44, juin 2004, p. 95.

150.

Excédent Brut d'Exploitation.

151.

Voir http://www.ga.celtel.com/fr/get-connected/coverage/index.html

152.

Télé-boutique, points de vente de cartes prépayées, etc.

153.

Nous faisons ici allusion aux circuits parallèles : commerce des téléphones volés, importation par circuits illégaux, etc.

154.

Voir sur ce point : www.finances.gouv.ga.

155.

Ecofinance n° 44, juin 2004, p. 97.