2.1.1 Le relief du Gabon

Le relief du Gabon est largement accidenté : le pays est couvert de plateaux au Nord-Est et au sud et de massifs montagneux à l’intérieur. Seules les régions côtières sont basses. Sur le plan géologique, le territoire est constitué pour les 2/3 par une vieille plate-forme précambrienne, bordée à l’Ouest par un bassin sédimentaire côtier et à l’Est par le début des formations continentales de la cuvette du Congo.

La topographie du pays est particulièrement rugueuse sauf dans la partie occidentale où l’on trouve des plaines sédimentaires et des marécages.

  • Le Gabon, une île du sous-peuplement

Cela a été évoqué plus haut, la faiblesse démographique est l'une des caractéristiques du Gabon.

D’un total de 1 015 000 d’habitants en 1993, sur la base de la variante moyenne des projections de l’ONU pour 1995-2000, cette population est passée en 1998 à 1.172.000 habitants. Soit un taux de croissance de 2,55%. Le ratio hommes par 100 femmes y est de 97,5.

En outre, s’agissant de la pyramide des âges, en 1995 le pourcentage de la structure par âge de la population gabonaise se présentait selon la configuration du tableau suivant :

Tableau n° 11 : Quelques indications sur la population gabonaise
désignations âges pourcentage
Tranche d’âge 0-4 14, 9 %
Tranche d’âge 15-24 17, 2 %
Tranche d’âge 25-60 30, 0 %
Tranche d’âge 60 ans et plus 14, 8 %

À la lumière de ces indicateurs, et en nous appuyant sur les données fournies par le dernier recensement général de la population de 1995, il en ressort une densité de 4 habitants au kilomètre carré. Ce qui est faible pour un pays de 267 667 km2.

Dans une récente enquête menée à Libreville en 1999 en vue de préparer la 4ème conférence africaine sur la population 189 , la démographe Myriam Mouvagha qui menait l’enquête relevait une baisse de fécondité au Gabon, alors qu’il y a peu, elle était en augmentation. Le constat d’une récurrente stagnation du taux de natalité 190 particulièrement dans la région minière (Sud-Est du Gabon) a été à l’origine de la construction en 1979 d’un Centre International de Recherche Médicale à Franceville (CIRMF) à 800 kilomètres de la capitale Libreville.

À cette tendance contradictoire de l’évolution de la population gabonaise, la démographe Mouvagha impute le fait qu’il y ait eu dans la sous-région d’Afrique Centrale l’infécondité. Une forte infécondité pathologique due à la forte prévalence des maladies sexuellement transmissibles. L’infécondité pathologique a longtemps intrigué les médecins.

En 1960 au Gabon, souligne Madame Mouvagha 191 , un tiers des femmes arrivaient à la fin de leurs vies reproductives sans avoir un enfant. Mettre en place cette institution médicale pour les autorités gabonaises augurait du souci de rechercher les causes de « l’hypofécondité » en Afrique Centrale.

Et de façon plus large, à créer sur le terrain, un pôle de recherche appliquée. Cette faiblesse démographique, que l’on retrouvait, par endroits, dans bon nombre de pays voisins 192 , préoccupait et préoccupe encore d’ailleurs, à ce point que les Gabonais estiment que le chiffre même de la population du pays relève, dit-on en plaisantant, « d’un décret ministériel 193 ».

En 1984, alors qu’à Libreville on citait le nombre de 1 million d’habitants pour estimer la population gabonaise, les statistiques des Nations unies, elles, faisaient état de 700 000. Une chose est sure, pour un pays grand comme la moitié de la France, le contraste démographique est si frappant que les recherches sur ce sujet n’ont pas cessé de se multiplier ces dix dernières années pour en élucider les causes.

En guise de réponses aux causes de ce sous-peuplement, les premières explications tablent sur des raisons empiriques et historiques : comportements sexuels, maladies, etc., mais là n’est pas le propos. En outre, l’intérêt d’aborder la question du sous-peuplement du Gabon repose sur la nécessité de montrer que l’afflux d'entrées financières dont a fait l’objet le Gabon à une période de son histoire n’a pas eu lieu dans un contexte de « boom » démographique, encore moins dans un pays surpeuplé. Mais qu’au contraire, les ressources financières débordaient largement les ressources humaines. Ce qui a d’ailleurs emmené le Gabon à user « sans compter d’une coopération dite de substitution 194  » qui lui a parfois coûté cher.

De toute évidence, ce « symbole de tous les paradoxes de l’Afrique » a connu de violents déséquilibres. Car les autorités gabonaises ont, à un moment eu du mal à « gaboniser » leurs centres de décision : comment pouvaient-ils y parvenir avec une population encore si peu alphabétisée ?

Notes
188.

Pour les données sur la population gabonaise, voir : www.uneca.org/aisi/nici/country_profiles/documents-%20.

189.

Cette Conférence s’est tenue à Tunis du 8 au 12 décembre 2003.

190.

Voir sur ce point : http://www.penelopes.org/archives/pages/docu/sante/gabon.htm.

191.

Pour d’amples précisions sur cet aspect, voir le cite : http://www.lepotentiel.com/xd0143016.htm.

192.

Les zones d’Afrique équatoriale qui furent affectées par l’hypofécondité, sont plusieurs parties de la RDC (ex-Zaïre), la Guinée équatoriale, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le sud-ouest du Soudan et le sud du Tchad. Le nombre d’enfants par femme était en moyenne de 3, et le nombre de femmes totalement stériles y est exceptionnellement élevé puisqu’il pouvait atteindre 30 à 40 % dans certaines ethnies. Op. Cit. Le Monde, février 1984. Depuis lors la situation semble s’être très sensiblement améliorée tant l’indice de fécondité est aujourd’hui de 3,7 au Gabon, mais de 4,7 au Cameroun et dépasse souvent 6 en Afrique Occidentale.

193.

Le Monde du 1er février 1984.

194.

Selon le journal Le Monde, vingt six mille Français étaient établis dans ce pays en 1984, soit cinq fois plus qu’au moment de l’indépendance.