2.2.1 La longue marche vers une autogestion

La proclamation solennelle de l’indépendance de la « République gabonaise » interviendra le 17 août 1960. Après la proclamation de l’indépendance, monsieur Léon MBA, l’une des principales figures politiques du pays à l'époque, fondateur du Bloc Démocratique Gabonais (B.D.G), devint Président de la République.

Après le décès du Président Léon M'BA en 1967, monsieur Albert Bernard Bongo qui deviendra à la suite de sa conversion à l'Islam en mai 1973, Omar Bongo, alors vice-président de la République, deviendra le second président du Gabon et créa le Parti Démocratique Gabonais (P.D.G) parti qui du reste est encore au pouvoir aujourd’hui. Mais l’histoire politique du Gabon qui est loin de s’arrêter à ces deux faits semble continuer à s’écrire.

En mars 1990, suite aux violentes vagues de contestation populaire qui ont conduit à la tenue de la Conférence Nationale 197 . Ce forum a brisé les velléités du parti unique, et a été à l’origine du processus de démocratisation du pays par l’instauration du multipartisme et la restructuration de certaines institutions déjà existantes telles l’Assemblée nationale et le conseil économique et social. D’autres par contre ont vu le jour. C’est le cas du Conseil National de la Communication (CNC), l'équivalent du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel en France, du sénat, des cours judiciaires, de la Cour constitutionnelle et du Conseil national de la démocratie.

Même si les élections plurielles qui se sont tenues jusque-là (législatives en août 1990, présidentielles en décembre 93, législatives en septembre 1996, présidentielles en 98 et législatives en décembre 2001) n’ont pas conduit à une alternance au pouvoir, l’un des acquis de la conférence nationale c’est d’avoir permis à d’autres sensibilités politiques de s’exprimer.

Pour à peine plus de un million d’habitants, le Gabon compte une pléthore de partis politiques. Même si depuis la conférence nationale en avril 1990 plusieurs partis ont disparu ou se sont alliés aux deux principaux pôles politiques.

Surtout à la majorité présidentielle, le nombre de partis politiques au Gabon est encore pléthorique. Pour se faire une idée, 173 partis étaient recensés au sortir de la conférence nationale.

Avec l’adoption de la charte sur les partis politiques en mars 1991 qui imposait une procédure de reconnaissance des partis, l’existence de certains ne se manifeste qu’à la veille d’une consultation électorale, cela, dans l’optique de recueillir les frais de campagne régulièrement versés par le pouvoir. Cependant, dans les deux camps qui animent véritablement la vie politique gabonaise on totalise environ dix grandes formations politiques parmi lesquelles figurent pour la majorité présidentielle avec le Parti Démocratique Gabonais (PDG) qui est le principal parti, l’ADERE 198 jadis dans l’opposition, mais aujourd’hui a rejoint la majorité présidentielle depuis la nomination de l’un de ses leaders au prestigieux poste de vice-président de la République 199 , le CLR (Cercle des Libéraux réformateurs), le PUP (Parti de l’Unité du Peuple).

Á côté, dans le camp des partis qui composent l’opposition ont compte l’UPG (Union du Peuple Gabonais, opposition radicale), RNBD, le CDJ (Cercle pour la Démocratie et la Justice), le PGP (Parti Gabonais du Progrès), mais aussi PSD (Parti Social Démocrate), le RPG (Rassemblement Pour le Gabon) qui participent actuellement au « gouvernement de large ouverture » proposé par le président Bongo.

La caractéristique de l’opposition gabonaise c’est qu’elle résiste difficilement à la tentation de participer aux gouvernements composés par la majorité présidentielle.

De nombreux leaders de l’opposition ont succombé à la tentation en acceptant des portefeuilles ministériels arguant de faire ce qu’ils appellent  «l’opposition conviviale». Ce bref aperçu de l'histoire politique du Gabon constitue une transition intéressante pour aborder le volet économique de notre étude sur le Gabon.

Notes
197.

Forum national qui a réunit du 23 mars au 19 avril 1990 les représentants de toutes les couches sociales et sensibilités politiques pour discuter de l’avenir politique du pays. De cette rencontre, il était principalement question de la mise en place des bases pour la démocratisation de la vie politique du pays par l’instauration du multipartisme.

198.

Alliance Démocratique et Républicaine.

199.

M. Di Job Divungi Di Dinge, Secrétaire général de l'ADERE avait été nommé Vice-Président de la République le 27 mai 1997.