2.3 un pays en porte à faux avec ses nombreuses richesses

Les nombreuses ressources naturelles dont dispose le Gabon, ajoutées à un faible taux de population auraient [normalement] fait du Gabon, un pays riche. Si on s’en tient au fait que sa panoplie de ressources minières et forestières était susceptible de soutenir son économie et de le rendre prospère.

Or, il semble que non. Au contraire, si les agrégats économiques du Gabon reflètent un niveau de richesse somme tout élevé, le niveau de vie présente une population qui croupit dans la misère. Au cours de la décennie 1980-1990 206 , 28% de la population totale du Gabon vivait en dessous du seuil de pauvreté, dont 41% en zones rurales et 10% en zones urbaines.

Au cours de la période 1994-1999, ce taux est passé à 32,4% de la population totale. La qualité de l’infrastructure  elle, reflète par contre le leurre sur la réputation de la prospérité du Gabon. Ces chiffres de l’économie gabonaise que nous avons vu très élevés, sont à l’origine du classement de ce pays par les Institutions de Brettons Woods 207 , au rang de pays à revenu intermédiaire [ni riche ni pauvre]. Comment est-ce possible ?

Eu égard aux richesses minières du Gabon souvent qualifiées « d’aberration géologique », le Gabon aurait tout non pas d’un pays à revenu intermédiaire, mais d’un pays riche. Mais sa classification au rang de pays à revenu intermédiaire (l’étage transitoire), se traduit entre autres, par le fait que malgré ses nombreuses ressources minières et hydrocarbures, le Gabon ne parvient pas à atteindre les critères évaluatifs d’un pays riche.

Et n’est même pas en mesure d’assumer son rang de pays à revenu intermédiaire. Lorsqu’on regarde de près la réalité socio-économique du Gabon, on se rend à l'évidence que cette richesse dont il est question n’est en fait qu’une richesse de façade. De la poudre aux yeux, eu égard au niveau du développement humain (que nous verrons par la suite).

En effet, malgré ses nombreuses ressources, le Gabon connaît quasiment les mêmes difficultés économiques que des pays comme le Sénégal ou le Cameroun pourtant moins nantis. Ces deux pays, bien que disposant (à leur niveau) de potentialités économiques importantes, ne sont pas logés à la même enseigne que le Gabon.

Cela d’autant puisque, en plus de ses nombreuses ressources naturelles, «le petit émirat d'Afrique» a "un avantage" démographique. L’écart des richesses entre le Gabon et les autres pays se traduit par exemple par le fait que le Cameroun et Sénégal sont classés par les institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, etc.) au rang de pays pauvres. Alors que le Gabon lui, est considéré comme pays à revenu intermédiaire.

‘Le pétrole ne fut pas un moindre mal dans la mesure où l’État n’a misé que sur cette seule ressource épuisable 208
Notes
206.

Les données ci-après émanent de la Commission Economique pour l’Afrique Bureau Afrique Centrale, in Les économies de l’Afrique Centrale 2004, p. 244.

207.

Les institutions de Bretton Woods (Etats-Unis), sont le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM.) Le Fonds a pour mission de stabiliser le système monétaire international, ce qui veut dire surveiller les monnaies, les taux de change et l'équilibre des balances de paiement. On dit (Economia n° 25 novembre 2002, p. 48), que c'était un pompier en cas d'incendie financier ou encore un médecin au chevet des pays malades. Pour mener à bien ces sauvetages, il reçoit des contributions de 184 pays. C'est encore lui (le FMI), qui est à l'origine des programmes d'ajustement structurel.

208.

Alfred Mabika, à l’époque ministre gabonais du Commerce, du Développement industriel, du Tourisme et de l’Artisanat. « Marchés Tropicaux », n° 2854, du 21 juillet 2000, p. 1416.