2.3.2 Le rang de pays à revenus intermédiaires devient difficile à assumer

En dépit de ses indicateurs économiques flatteurs (PIB, classement au de pays à revenus intermédiaires, etc.) qui du reste attestent de sa richesse, la situation socio-économique du Gabon suscite bien des interrogations. Car le quotidien des Gabonais contredit littéralement les statistiques économiques attribuées à ce pays.

Selon l’Unicef 211 , les caractéristiques de la pauvreté au Gabon portent essentiellement sur la forte disparité de revenus, le taux élevé de chômage, l’insalubrité urbaine, la précarité de l’habitat urbain et la marginalisation de la population rurale. Admis au rang de pays à Revenus Intermédiaires, le vrai gabarit de l’économie gabonaise n’est plus en mesure de supporter sa catégorie. L’ex eldorado d’Afrique n’arrive plus à assumer sa - position transitoire - entre la pauvreté et la richesse. Au contraire, il apparaît même en définitive que cette classification lui cause du tort.

L’incapacité à s’affirmer sur l’échiquier économique international en tant que PRI prouve à suffisance que, en dépit des nombreuses ressources minières que son sous-sol a regorgé, le Gabon n’a pas su profiter de ses années glorieuses pour amorcer son décollage économique. C’est un géant au pied d’argile. La faiblesse du tissu économique gabonais se mesure à l’aune de ses infrastructures qui, nous le verrons, demeurent insuffisantes lorsqu’elles existent. Et en hauteur d'un taux de chômage qui atteint déjà 20 % 212 de la population active.

Tout compte fait, et en nous appuyant méthodiquement sur les indicateurs fournis, il apparaît que les données attestant de la richesse du Gabon tournent à la défaveur des Gabonais. Surtout les plus modestes d’entre eux qui vivent en deçà du seuil de pauvreté. Faute de bénéficier des mannes financières consécutives aux recettes pétrolières. Cette “vraie fausse richesse,” et surtout, cette difficulté à assumer sa position de pays à revenu intermédiaire est vécue par les autorités gabonaises comme une punition. Ce qui d’ailleurs les conduit à rechercher des voies et moyens diplomatiques 213 pour renégocier leur statut de PRI pour passer à celui de pays pauvre. Sachant qu’en ayant le statut de pays pauvre, le Gabon pourra facilement bénéficier des aides allouées aux pays pauvres très endettés (PPTE). Riche ou pauvre ? Le cas du Gabon est énigmatique.

Notes
211.

In, Les économies de l’Afrique Centrale 2004, Maisonneuve& Larose, p. 244.

212.

Chiffre de 2004, tiré dans le magazine des économies émergentes n° 44, juin 2004, p. 92.

213.

Notamment avec l’aide de la France, leur allié de toujours.