3.2.1 Un équipement en voies de communication qui laisse à désirer

Outre la vétusté des équipements et la qualité de la formation des techniciens dans le domaine des télécommunications, il ressort aussi qu’en matière des voies de communication (routes, air, voies navigables), la situation du Gabon n’est pas des plus enviables.

Le secteur des transports ‑ même si sa flotte aérienne qui est principalement assurée par la compagnie nationale, Air Gabon fait la fierté nationale ‑ le Gabon est de très loin le dernier de la classe en ce qui est notamment du réseau routier. Ce n’est donc pas le pays le plus loti du continent.

Pour en dire un mot, la qualité du réseau routier qui dans une certaine mesure constitue un signe extérieur du niveau de développement d’un pays, est dans le cas du Gabon, le seul signe qui ne trompe pas.

Déjà insuffisant, le réseau routier gabonais souffre aussi d’une impraticabilité notoire. Il ne serait de fait donc pas excessif d’affirmer que l’état des routes du Gabon qui est à l’image de son tâtonnement économique en est sa véritable carte postale. Après 42 ans d’indépendance 274 , (d’autogestion), les principaux axes routiers gabonais sont au mieux, encore en construction. « Les autoroutes de l’information » du Gabon se font donc toujours attendre.

Selon les chiffres du ministère des Travaux Publics et de la Construction (Journal L’Union du 3 novembre, 2002), le Gabon totalise 600 km de routes bitumées sur un linéaire de 9200 km. C’est donc à peine 6% du réseau routier qui est fiable. Le ministère en charge de ce secteur envisage maintenant selon ces mêmes sources, de porter au cours de la prochaine décennie, le linéaire bitumé à 3 000 kms. Si ce pays est encore au stade des projections, nous réalisons combien le Gabon est en panne de son réseau routier. Selon la commission économique pour l’Afrique 275 , (organe de la banque mondiale), le Gabon aurait la plus basse densité de routes dans la région subsaharienne avec « seulement » 41 cm de routes pour 1000 km2. À ce retard, plusieurs raisons sont souvent avancées par les autorités de tutelle.

D’abord les raisons climatiques. Vu le relief (Cf., chap. 2, p. 116), l’érosion des pluies, la densité de la forêt et la traversée des fleuves, les services des travaux publics auraient toutes les peines du monde pour maîtriser la situation. La construction des routes dans de telles conditions demanderait selon ces mêmes autorités ‑ à la fois des investissements colossaux ‑ et de longs délais d’attente pour réalisation des ouvrages.

C’est semble t-il pour ces raisons précitées, (notamment les raisons climatiques) que les autorités gabonaises ont fait appel à une société brésilienne EMSA, pays qui présente des similitudes en matière de géographie, de climat et de topographie avec le Gabon pour coopérer dans le domaine de la construction et de l’entretien des infrastructures de transport.

Ensuite, autre raison plus plausible évoquée cette fois par les observateurs de la vie politique gabonaise, et qui constituerait un élément d’explicatif du retard du Gabon en matière d’infrastructure routière, le manque de volonté politique. Cette analyse peut paraître tranchée et excessive. Mais au regard des années glorieuses qu’a connu le Gabon du fait d’une forte et fructueuse période de production pétrolière (l’or noir), la thèse d’un manque de volonté politique peut s’avérer soutenable. Car comment expliquer par exemple que le Gabon ait investi des milliards de francs CFA pour la construction d’un chemin de fer qui traverse le pays d’Est en ouest. Précisément de Libreville à Franceville région à faible intérêt économique ? La construction du chemin de fer gabonais fait donc légitimement partie des « éléphants blancs d’Afrique».

Notes
274.

17 août 1960, 17 août 2003.

275.

www.commission économique Afrique.com