3.2.3 Les quelques signes positifs des Télécommunications gabonaises

Sous l’impulsion conjuguée du progrès galopant des technologies et de l’émergence de la concurrence, le secteur des télécommunications connaît un essor sans cesse croissant.

Cette nouvelle donne mondiale a emmené (sous les feux de la contrainte certes), la plupart des pays africains, en particulier ceux situés en Afrique Sub-Sahélienne à entreprendre la restructuration puis la libéralisation de leurs secteurs des télécommunications respectifs. Depuis quelques années, le secteur des télécommunications est composé de plusieurs sociétés qui opèrent sur divers segments. Dans le cas du Gabon on distingue entre autres sociétés :

Gabon Télécom, organisme public chargé de l’acheminement du courrier, de la téléphonie fixe et de la télégraphie ;

Dans le cadre du développement de son réseau de télécommunications, Gabon Télécom a participé à la construction d’un consortium avec quarante-trois autres pays opérateurs internationaux, par la signature d’un accord de construction, de maintenance et de réalisation d’un câble sous-marin à fibres optiques reliant de manière directe l’Europe, l’Afrique, l’océan indien et l’Asie. Sa mise en service au Gabon a été effective le 21 juillet 2002.

L’usage du câble sous-marin à fibres optiques dénommé SAT-3/WASC/SAFE offre à la République gabonaise une deuxième voie de connexion en plus de la voie satellitaire. Selon les responsables de Gabon Télécom, (Afrique Magazine numéro 206, novembre 2002.) SAT-3 assure déjà depuis son inauguration, 65% du trafic des télécommunications.

Avec une capacité de 12 GBITS/S, les attentes des autorités gabonaises dans cet investissement reposent sur le fait que le câble sous-marin à fibres optiques permettra à ce pays de s’affranchir de la dépendance exclusive du support satellitaire 283 qui véhicule les communications internationales, et d’accroître le volume de ces communications qui sont de 8 méga bit par satellite à 45 méga bit/s sur le câble 284 . Le câble servira aussi à améliorer les échanges inter-États africains, de réduire substantiellement les tarifs eu égard au coût de maintenance du câble et de disposer d’une voie d’intégration des Nouvelles technologies de l’Information, dont l’Internet avec 155 Mb/s de transfert de données à haut débit et de services nouveaux tels que la télé médecine et le télé-enseignement.

Dans la foulée, on prévoit déjà à Libreville que cette connexion constituera à terme le point de transit idéal de certains pays limitrophes. Parallèlement Gabon Télécom procède actuellement au lancement de plusieurs projets d’investissement, dont le réseau SDH de transmission à haut débit de la voix et de l’image pour la zone de Libreville, du projet RSVA qui consiste à construire un réseau terrestre de fibre optique le long du chemin de fer Transgabonais, afin d’améliorer la qualité des services de télécopie et autres services multimédias dont l’Internet. Le réseau ATM permettra de faire passer de la téléphonie et de l’image sur un câble. De 75 méga hertz hier, le Gabon serait passé selon M. Adirigno à 2,5 giga hertz. Ce qui permet selon les mêmes sources de fournir de gros conduits aux abonnés notamment les services par Internet. Les abonnés verront augmenter de 30 fois leurs liaisons et faire passer leur temps d’attente pour la connexion à Internet de 2 minutes à 10 secondes.

Si des perspectives d’une amélioration de la qualité de l’offre de service sont vantées ici-là par les autorités gabonaises, depuis juillet 2002, date de l’installation du câble sous-marin, aucun changement positif n’est à ce jour perceptible.

Le responsable de la station de câble sous-marin SAT-3 du Gabon fait d’ailleurs le même constat lui qui affirme 285 au sujet de ces différents projets que : « je crois très honnêtement que cela n’a pas permis d’améliorer les services de Gabon Télécom. Certes cela a permis d’offrir de l’ADSL à certaines personnes (« Big Boss » du pays) et quelques rares particuliers, mais d’énormes efforts restent à fournir ».

Cela est d’autant plus vrai que joindre par le moyen du téléphone le Gabon, demeure toujours difficile. En revanche, depuis 1999, tous les opérateurs réunis, le téléphone mobile dame largement le pion au téléphone fixe. Le nombre d’abonnés au mobile, nous l'avons vu, ne cesse d’augmenter chaque année. C’est d’ailleurs à ce titre que nous lui consacrons le chapitre qui va suivre. Ce chapitre consistera à faire une esquisse d'étude comparative entre le téléphone fixe et le téléphone mobile, de même qu’un état des lieux chiffré de l’augmentation du nombre d’abonnés au Gabon.

Pour conclure sur ce chapitre, l’état des lieux que l’on peut faire sur la marche du téléphone fixe à l'Internet au Gabon présente de manière globale un caractère ambivalent. Si des atouts sont à relever, il est néanmoins important de faire remarquer, en parlant de fracture numérique, qu’il est dorénavant important de parler des fractures numériques. Tant il existe des fractures numériques à différents niveaux. D'abord entre le Nord et le Sud, cela a déjà été dit, mais il est existe aussi une fracture Sud-Sud (écart entre les pays africains), et afin à l’intérieur même des États (bicéphalisme technologique).

Avec le risque réel que les NTIC renforcent les élites dominantes et isolent encore davantage les plus faibles à commencer par les personnes âgées, les handicapés, les femmes, les illettrés et les plus pauvres.

Éviter le développement d’une société à deux vitesses est un défi de taille pour tous les pays en développement. Or, si la technologie peut creuser des différences, elle offre aussi les moyens de les atténuer. C’est la prédiction que nous faisons à l'orée de l'étude sur la téléphonie mobile qui va suivre.

Notes
283.

Selon Henri Adirigno qui gère la mise en place du câble sous-marin à Gabon Télécom, le Gabon était lié par un contrat de 10 ans à Intel-sat (satellite américain) pour ses communications internationales.

284.

L’équivalent de six millions de communications simultanées ou quarante-cinq mille canaux de télévision.

285.

Correspondance par courriel du lundi 11 avril 2005 à 13 :34 avec Henri ADIRIGNO Chef de Centre International du Câble Sous-marin SAT-3 au Gabon.